Je dis ça parce qu' "on" regardait ça de loin, quand même. Nos amis Brittanniques semblaient n'en plus pouvoir de s'enfiler des pilules de toutes les couleurs et de s'aimer dans tous les sens à l'Hacienda. La Perfide Albion, qui plus est, se trémoussait au son d'un frenchie, Laurent Garnier, faisant pouet pouet avec ses boites à rythme...
Remarquez, on avait déjà pris Jean-Michel Jarre en pleine face, alors celui-là, s'ils voulaient bien se le garder c'était très bien comme ça. Pendant ce temps, on re-découvrait le punk-rock avec les Pixies et Nirvana, enfin un peu de guitare ! C'était pas maintenant qu'on allait se mettre à la techno ! Nous avaient déjà fait le coup des synthés, les British, merci.
Ceci dit, quand même, Joy Division, puis New Order, ça n'avait pas laissé tout le monde indifférent... Alors on écoutait timidement les Happy Mondays, parce qu'un peu pop quand même, mais sans franchir le pas. Avec le sentiment étrange de passer à côté d'un truc, quand même. Finalement, Brian Eno avait réussi la transition entre la musique planante du grand frère et la branchouille arty, via les Talking Heads, par exemple. Mais bon, voilà.
Et parfois, il suffit d'un truc. Le coup de la pédale fuzz sur Satisfaction, encore et toujours elle. Des Pixies qui, quoiqu'on en dise, ne décollent pas, et un Kurt Cobain qui rafle la mise derrière parce que, je sais pas, un meilleur batteur ? Une belle gueule ? Un truc sur lequel rêver. Et franchement, des boites à rythme ça te fait pas rêver. Pouet Pouet.
Et puis sort ce film de fou, Trainspotting, immense, drôle et macabre à la fois, sentant autant la pisse que la bière (ce qui est proche du pléonasme, non ?), dans lequel la musique déglinguée de l'Iguane en période Berlinoise, Lust For Life, quel programme, cotoie ces improbables, Underworld, avec leur Born Slippy. La belle évidence ! Ô le beau cas ! Pas la même soupe, mais le même poison.
Et puis après, l'album. Le deuxième album, Second Toughest In The Infants, Le premier, on l'a tous oublié, Paraît même qu'avant, Underworld était un groupe pop de seconde zone, le cul entre deux chaises, mais là, ils enlèvent carrément les chaises. Bouge, asshole !
Tout ça commence sur les chapeaux de roue, et ces gens-là savaient te faire groover une boite à rythme sans ressembler à des VRP informatiques façn Daft Punk. Quelques voix monochordes là-dessus, c'est pas que ça t'en fait une chanson, mais il se passe quelque chose, on est pas chez les Derrick de la french touch. Ca sent bon le bricolage, ça bouge, c'est neuf, et ça n'est pas du rock'n'roll.
Et la suite à l'avenant, ma bonne dame. On sent dans tout ça l'influence du Floyd, la douce mélancolie des faubourgs chatoyants de Manchester, c'est l'Angleterre de Dickens, celle des petites gens du peuple qui en chient toute la journée, Enfin, après, Joy Division, encore eux, en voilà qui passent le pas, ont le courage de définitivement larguer le schéma rock complètement éculé, et qui laissait trop souvent le goût amer de rester au milieu du gué. Non, ici on danse, mais on a l'ecstasy triste, on sait que le chômage, le SIDA et l'alcoolisme rythment la piste. On achève même les chevaux, comme disait l'autre.
Malheureusement, dès l'album suivant, la messe sera dite, la soupe froide et le réveil brutal. Le boum-boum n'aura plus la même saveur. Et ils seront légion, à tout donner le temps d'un disque, de Leftfield à Propellerheads, ces derniers ayant l'intelligence de jeter l'éponge avant de se planter dans le virage. Un peu comme si, ces nouveaux joujous, moins on savait s'en servir, mieux c'était.
Voilà, des albums techno, j'en poste tous les cinq ans, vous êtes tranquilles pour la suite. Mais celui-ci vaut largement le détour. Les Prodigy et autres Chemical Brothers en feront leurs choux gras, trouvant ici une raison de survivre à la fin morose du vingtième siècle. Pour une fois, ce sont les anglais qui ont entendu des voix...
Confusing The Waitress...
On n'a pas oublié le précédent (dubnobasswithmyheadman, qui demeure mon préféré) pas plus que celui-ci et les suivants certes moins décisifs mais loin de l'indignité, la surprise était passée, voilà tout.
RépondreSupprimerD'ailleurs, Underworld sont de ces rares formations technoïdes des 90s à avoir survécu et qui sortira en mars prochain son nouvel album au titre étonnant : "Barbara Barbara, we face a shining future"... Ca m'attire.
Merci JP de ce rappel pour ceux qui l'auraient manqué, malgré des désaccords de fond (j'aime la musique électronique progressive qui nous vint de la perfide Albion à l'époque, les Fluke, Orbital, Orb, etc.) j'ai apprécié ton billet où ton style inimitable fait plaisir à lire. Bravo.
Hello Zorny !
SupprimerJe ne suis sans doute pas assez technophile (ou je ne l'étais pas assez à l'époque) pour suivre ces groupes. Le suivant m'avait profondément ennuyé, donc basta. Très difficile d'acrocher à l'électro quand la surprise n'est plus là... enfin c'est mon avis.
C'est marrant! Je n'avais jamais entendu parler de ce groupe pourtant j'adore Joy Division. Il y a une raison qui tient sans doute à l'adjectif "technoïde" qui, à l'époque, me tenait éloigné de certains groupes. J'ai un peu évolué depuis mais il reste un fond de méfiance.....
RépondreSupprimerMerci donc, je vais y jeter une oreille...
P.S: Mon blog nouveau est là : http://fracas64.eklablog.com/
Tu as toujours le lien de l'ancien blog qui est défunt...
Hey Joe,
SupprimerOk je mets le lien à jour.
En ciblant large, je pense aux genres musicaux que seraient la Techno et le Rap, j'ai commencé à en écouter pour me convaincre que la musique continuait à changer, que les plus jeunes que moi avaient aussi leur univers et que le fait que je ne m'y accroche pas était au moins une preuve d'évolution quand moi je restais avec le bon son de guitare dans les oreilles.
RépondreSupprimerEt puis je me suis rapidement mis à aimer une bonne partie de la scène Electro/Techno/etc..
Par contre, tout ça pour te dire que Underworld, je suis passé à côté, c'est ton lien qui va me les faire découvrir. J'ai adoré Trainspotting. Nous verrons bien si au fond de ma mémoire la connexion se fera. Merci donc.
T'as de la chance, Devant. Bonne claque !
SupprimerPour moi, le choc avait eu lieu un peu avant avec Massive Attack et, encore plus, Portishead. Donc quand Underworld est arrivé, je crois qu" je "savais" déjà. Mais j'ai vécu ce que tu racontes. Je me souvient très bien découvrir Nirvana et prendre la deuxième gifle avec Portishead.
RépondreSupprimerJe me demande si le premier n'est pas meilleur. Mais j'ai eu un gorsle même parcourt (sauf que je n'ai pas écouté Propellerheads.
Pour l'histoire, je crois que les membres d'Underworld avait créé Freur, un groupe qui avait eu son petit hit avec Doot Doot. Et effectivement, qui, a priori, était très seconde zone.
En fait, oui, on était con, sauf que beaucoup de punk s'était mis à la techno ou l'electro bien avant. On dira qu'il y avait des signes. Clash, bien entendu, puis Pete Shelley, Jonh Lydon... En gros, y avait guère que les Damned (et encore Sensible avait fait Wot...). Je pense que le foisonnement musicale, l'excitation durant les 90's et les 00's était certainement plus de ce côté de la musique que dans le rock. Même si je suis loin d'être experte (parce que, quand même, les pistes de danse, ce n'est pas mon truc).
100% d'accord !
SupprimerPour réussir un deuxième album électronique après un premier beau disque, il suffit de suivre l'exemple de Suicide, mais ce n'est pas vraiment donné à tout le monde!
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