J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


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dimanche 3 janvier 2016

#169: The Grateful Dead "The Best Of Fare Thee Well - Celebrating 50 Years of the Grateful Dead"

On ne pourra pas dire que cette année (saloperie d'année, à vrai dire) 2015 nous aura gâté. Le terrorisme aura atteint des niveaux jamais égalés d'horreur, Lemmy est parti, Manset nous aura sorti un anti-bestof (The Classic Alternatif Best Of que ça s'appelle, yes sir), bref, pour un peu seul le reset du disque dur s'imposerait.

S'il n'y avait eu, en plein cagnard du mois de juillet, ces ultimes concerts du Grateful Dead.

Car oui, c'est le bon vieux Dead qui aura fait l'actualité, en 2015. Celle qui fait du bien, aux oreilles, dans le coeur, partout...

Et pourtant, avec un Jerry Garcia forcément empêché, ses cendres flottant dans le Gange depuis bientôt vingt ans, on aurait pu se demander si tout ce barouf tenait du sérieux ou de l'opportunisme à la Johnny Hallyday/Eddy Mitchell de toujours revenir.

Les premières notes du Box Of Rain enregistré le 3 juillet à Chicago laissent flotter l'angoisse et l'amertume, le temps de s'habituer à la voix de Trey Anastasio, mort intériméraire issu de la galaxie Phish, et puis tout ça roule doucement, cahotiquement, bringueballe jusqu'à ce que la guitare s'enflamme et nous voilà déjà partis sur un Shakedown Street d'anthologie...

Et puis, ça a toujours été comme ça. Intros foireuses, temps de prise de la mayonnaise. Jadis on les pensait très hauts, aujourd'hui on est en droit de les penser très vieux, mais la réunion cosmique n'est jamais reportée, Toujours ce groove peinard, cet orgue hammond qui embrasse les guitares, et, mazette, purée, ça fait du bien !

Je vous parle d'un temps que les moins de soixante ans ne peuvent pas connaître, bien sûr.

Regarder les photos de la note de pochette rend heureux. Voir ces vieilles bourriques encore et toujours enflammer le Chicago's Soldier Field (ça ne s'invente pas), ce fut la pause estivale d'une année, encore une fois pitoyable et insupportable.

Mais surtout, surtout, ce qu'on retiendra de toute cette musique, c'est que finalement, si le rêve hippy s'est écroulé à Altamont ou à Woodstock, au choix, le Grateful Dead a réussi. A traverser les âges en tant qu'entité, sortant parfois des albums en studio dont tout le monde se fiche, mais communiant à chaque concert avec les Dead Heads.

Et puis, surtout, et c'est là l'hommage le plus beau fait à Jerry Garcia, le Grateful Dead a su se muer d'une enttité physique de 5-6 personnes à un concept cosmique, telle les fourmis formant la fourmillière, dépassant ensemble la somme des individus qui la composent. Le Grateful Dead existe encore sans son mentor, et pourra continuer à exister après même la mort de ses individus. La relève est là, de Warren Haynes et son Gov't Mule à Bruce Hornsby ici présent, en passant - ici encore - par Trey Anastasio qui semble poser les doigts sur son manche pile-poil comme le veut la tradition.

C'est pour ça, et c'est immense, que voilà mon cadeau pour cette nouvelle année : la preuve de l'éternité d'une idée, d'une communion. Le Grateful Dead, mes amis, est définitivement entré dans l'inconscient collectif, et si Dieu existe, c'est son backing-band. Dans le cas contraire, Dieu ferait bien de se dépêcher d'entrer en scène, le Grateful Dead nous prouve qu'il peut exister.

En pratique, c'est ici la version condensée, le Best-Of des trois soirées que je vous propose, histoire de ne pas intimider les sceptiques. Mais l'objet se décline jusqu'en un formidable coffret incluant les trois soirs à Chicago en audio et vidéo, et il ne vous sera sans doute pas difficile de le trouver sur la toile, voire de l'acheter, car finalement, donner à des bonnes oeuvres c'est toujours une bonne chose. D'autant que l'on n'est pas ici dans l'indécence financière du dernier Bootleg Series de Dylan, dont les 18 CD sont vendus (volés, devrais-je dire) à 900 dollars américains. De qui se moque-t-on ?

The Music Never Stopped in the Attics Of My Life

8 commentaires:

  1. Je n'ai jamais été un grand fan du Dead, mais la présentation jeepeedienne est séduisante. Je plonge !
    Et bonne année à toi aussi, vieux cowboy !

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  2. Hello,
    J'ai vu le "vrai" dead à l'olympia dans les années 70, hum que c'était un délice. J'aime toujours autant même si il y a overdose de discographie liée à ces innombrables tournées et concerts. Je respecte l'authenticité de Warren et ton papier bien écrit et ciselé me donne envie, comme notre mai Keith Michards, d'en gouter encore. Merci et très bonne année.

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    1. Tu les as vu où ? En france ? 1972 ou 1974 ? Paris, Lilles ou Dijon ? Si tu veux je t'envoie le concert...

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    2. Olympia (Paris) en 1972 l'année de mon bac. Merci pour la proposition, mais je dois déjà avoir sur une de mes centaines de disques externes, étant un collectionneur visiteur de blogs musicaux depuis une quinzaine d'année ... J'ai toujours beaucoup de plaisir à lire tes papiers, notamment tout ce qui fait transpirer ta frustration autour de Gérard Manset. Animal on est mal :-)

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  3. J'ai come ça des blocages inexplicables. J'aime un peu bien Velvet, bien un peu Grateful (American beauty que je pensais une porte d'entrée, mais non en fait) a fait plaisir toujours de venir te lire, même si ici c'est du plutôt court pour un groupe réputé (par moi) long. Mais tu parles d'un condensé, c'est peut-être ce qu'il me faut? (PS Ha oui, quand même, Dark Star... mais j'y ai mis du temps et de la volonté pour "comprendre")

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  4. Hello et merci à vous trois ! J'en retiens quand même une sorte de "formule de politesse" du type "c'est bien parce que c'est toi" ;o) Ne vous forcez surtout pas, à titre personnel, le Dead me fait le même effet que bien des groupes ultra-classiques (Doors, Velvet et tout ce que vous voudrez bien y mettre) : à savoir, je passe des années sans pouvoir même imaginer d'en reprendre un bout de galette, et puis je retombe dedans jusqu'au cou. N'empêche, je trouve ces concerts d'adieu (?) hyper touchants...

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    1. Non, pas une forme de politesse, juste la garantie que l'on ne s’ennuiera pas et pas forcément grâce aux artistes choisis. Je pense, je penche qu'un jour je me lirai une bio sur leurs aventures probablement passionnantes. Par contre leur musique foisonnante, je n'ai pas encore réussi en entrer dans leur style impro, peut-être un des rares groupes à faire vraiment de l'impro en rock? À suivre.

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  5. ...et pour ceux qui n'ont peur de rien : http://exystence.net/blog/2015/10/13/grateful-dead-30-trips-around-the-sun-2015/
    La terre a le temps de tourner trois fois sur elle-même avant qu'on en vienne à bout ;o)

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