Salut les amis. Ce jour est un peu spécial, pour plusieurs raisons, bonnes ou mauvaises, et dans le désordre :
1) J'ai été complètement ému par le feuilleton électrique de Jimmy, et j'étais à deux doigts de vous poster Tales From Topographic Oceans de Yes, arguments à l'appui, rien que par provoc' pour rigoler un peu et parce que je ne dispose pas du-dit Yessongs en CD (comme quoi, malgré ma manie de collectionner les 45T. d'Il Etait Une Fois et d'être fan de Dave, je ne suis pas encore complètement foutu au niveau crédibilité, si ?)
2) Ma fille était malade ce matin (tu parles, "évaluation des volumes", oui !). Ca n'a rien de grave, mais c'est moi qui l'ai gardée bien au chaud, profitant quand même de l'aubaine pour acheter le live à l'O2 de Led Zeppelin, live dont je vous reparlerai parce que ça pose question, mais pas aujourd'hui. Ayant subi un revers de manche professionnel la semaine dernière, je change mon fusil d'épaule, priorité à la petite famille et priorité à ces instants salutaires ou j'entretiens ce blog.
3) Ce même blog fête aujourd'hui son 150ème album posté (en dehors des Grands Concours divers et variés) et je voulais donc vous faire profiter de quelque chose de spécial. J'aurais pu, dans ce créneau, poster moulte coffrets plus ou moins rarissimes, jouer sur la quantité. J'ai choisi au contraire de poster quelque chose de vraiment spécial, qui tient en seul morceau. Si je ne le fais pas, je sais que Mister Moods le fera (c'en est fallu de peu lors du Concours des Disques Exquis), et je vous invite vivement à aller faire un tour ici, A Rainbow In Curved Air qui suivit cette folie valant également son pesant de choucroute, de même que le dernier en date. C'est tant mieux pour vous, d'une façon ou d'une autre ce disque serait paru sur la blogosphère, mais je l'aime tellement que je me le rêve bien au chaud sur Jeepeedee's Rips.
Ce disque, c'est le merveilleux In C de Terry Riley. Dans sa toute dernière version remasterisée (et onéreuse) de chez Esoteric Records.
Sans faire mon wikipédiste, l'idée de base est suffisamment originale pour retenir quelques instants votre attention : des musiciens, chacun avec la même partition composée de petites séquences. Chacun doit jouer chacune d'entre-elles, pendant un certain temps (comme dirait l'autre), puis passe à la suivante. Ce qui d'un point de vue théorique est très amusant (bien plus qu'intellectuellement honorable, on n'est pas là pour jouer aux vieux croûtons de l'IRCAM) et qui peut raisonnablement inquiéter les plus rockabilly d'entre-nous constitue en fait une réussite absolue. En fait, tout cela témoigne d'une époque de laquelle on ne veut retenir que le Summer Of Love, donc les vilains rockers consommateurs de drogues et pervertisseurs de nos futures belles jeunesse. Mais la-dite perversion avait heureusement également atteint ces compositeurs dits sérieux parce qu'on ne les voyait pas jammer avec le Jefferson Airplane. Bougez-vous, réfléchissez, explorez ! Changez le monde ! Tout cela ne se résumait visiblement pas à un single des Beatles trop enfumé pour adolescents révoltés...
Bref donc, quoi qu'est-ce ? Ca commence comme des poules qui caquettent dans un poulailler, ça surprend, on rigole, on s'interroge et... on continue à écouter, de plus en plus envoûté par la Chose. Car tout ça évolue gentiment, par petites touches imperceptibles. Cuivres, marimbas, tout ce beau monde vous envoie en 3/4 d'heure chrono dans un univers particulier que je conseille à chacun d'entre vous de visiter au moins une fois dans votre vie.
Ce disque, c'est un peu le Rock Around The Clock de la musique dite minimaliste, et sans lui, inutile de dire que les Brian Eno et autres esthètes auraient continué à jouer de la basse dans un groupe de rock sans même jamais se poser de questions auxquelles ils n'auraient pas été en mesure de répondre. Enfin, à ma connaissance. N'étant pas spécialiste du genre, bien qu'appréciant Steve Reich ou Philipp Glass, béotien donc, peut-être certains d'entre vous, là encore, pourront-ils me conseiller pour sonder plus avant ce domaine.
Ce disque, en tous cas, vaut toutes les séances de méditation disponibles sur le net pour arrêter de fumer, recommencer à manger ou entrer en relation avec le Cosmos pour 79,90 € TTC. Bien sûr, un casque et un bon fauteuil semblent obligatoires (on évitera l'ipod dans le métro) mais le trip, connaissant la folle idée de départ, me semble assuré. On passe de la joie à l'inquiétude, du questionnement aux moments de pure jubilation, bref, c'est peut-être un des disques les plus puissants en terme de sensation musicale, j'entends par-là celles procurées par la Musique et elle seule, pas un tube d'Abba beuglé de vive voix un soir de 31 décembre. Même si j'aime beaucoup Abba (encore une tare ?) et que je préfère me les écouter tranquillement pour savourer leurs trouvailles de compositeurs géniaux plutôt qu'en troupeau entre la soupe de champagne et les ris de veau.
Alors donc, voici un disque de musique concrète (?), minimaliste (?), répétitive (?) qu'un fan de Dave apprécie plus que tout, suffisamment toujours pour placer la galette lors du très symbolique 150ème disque posté.
Bonne soirée avec ce fou de Terry Riley.
En Do, donc.
Merci pour ce Terry Riley en Do Majeur et toujours ces digressions à déguster allegro molto et qui vous ramènent habilement au centre du langage: sa musique.
RépondreSupprimerJ'avais pris à l'époque en pleine compil Techno+... Merci de me relancer, je tente, même si l'exercice m'avait moins séduit qu'un Philipp Glass qui sait y faire en terme de séduction...
RépondreSupprimeret Terry Riley "In C" ne se laisse pas boulotter comme ça dis donc. Je suis en plein Hassel et là aussi j'avoue qu'une condition d'écoute autre que le Bureau + Casque ou Enceintes à bas volume est à chercher.
RépondreSupprimerSi tu trouves, fais-moi signe...
SupprimerJe ne connais pas ce Terry Riley mais je suis toujours à l'affut de musiques qui me bougent, me fasse traverser les murs et me reconnectent des neurones vaillants pour m'ouvrir à de nouvelles perceptions cosmiques. Et d'après ce que tu écris, ce disque est fait pour ça.
RépondreSupprimerDonc merci et pour paraphraser Mr Moods, bravo, merci et bravo.
Bienvenue dans un labyrinthe aussi amusant que délirant, Till.
SupprimerHello Jimmy,
RépondreSupprimerT'as bien de la chance, In C c'est vraiment savoureux. Terry Riley, c'est un peu le punk dans cette mouvance minimaliste souvent intéressante mais parfois bien trop sérieuse dans l'esprit (cf. Philip Glass, au hasard)
Tout à fait d'accord, ceci dit, on vit une belle époque. Cruel dilemme quand il fallait choisir LE disque du mois et en laissant tant d'autres en rayons... La boulimie ça a du bon, ça ne laisse plus la moindre chance aux disques tout juste potables qu'on réécoutait malgré tout comme on mange un biscuit sec pour tromper sa faim...
RépondreSupprimerContent de t'avoir fait plaisir, Jimmy. J'avoue que c'est pas simple de te faire découvrir des trucs, tu sembles en avoir entendu mille fois plus que moi ;o)
RépondreSupprimerIn C fait partie de mes disques préférés... Au même niveau de plaisir et de jubilation je te conseille le "Plaisir d'amour" de René Aubry, le "After Virtue" de Wim Mertens et le "Für Alina" d'Arvo Part
RépondreSupprimerMerci Sb, je vais essayer de trouver ça...
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