J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


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jeudi 4 octobre 2012

# 137 : Small Faces "Ogden's Nut Gone Flake" (deluxe edition 3CD)

L'a failli trouver sa place dans le dernier concours mais... ben non. Voici l'album dont tout le monde connait tellement la pochette qu'on en oublierait à la fois le nom du groupe et aussi, accessoirement, de l'écouter. Je l'ai vu chez tous les disquaires dans ma jeunesse, mais, allez savoir pourquoi, à l'instar d'un In A Gadda Da Vida d'Iron Butterfly ou d'un Just A Poke de Smoke, ça m'avait toujours semblé tellement trivial et éculé que j'avais jamais été intéressé par le truc. Et puis Led Zep bastonnaient tellement fort, les Beatles jouaient le coup du livre ouvert avec leur double blanc, tout ça tout ça... Je sortais de l'enfance et la pochette me rappelait trop le Butterfly Ball, genre musique de cirque, pas le temps de m'y attarder. Tellement de choses plus intriguantes à découvrir ! Couillon que j'étais, j'avais confondu les gentils Byrds avec les Doors et m'étais pris Morrison Hotel dans les écoutilles, rien ne va plus. Keep your eyes on the road your hands upon the wheel. 

Il m'a fallu, un jour d'octobre 2002, me trouver désoeuvré à la FNAC pour tenter la chose, mal mixée/masterisée, bradée à 7 euros.

Sans grands résultats, si ce n'est l'instrumental d'ouverture, mais pas de décharge sonore.

Quelle andouille.

Ca fait quinze jour que ce machin passe dans mon auto-radio, j'en oublie d'écouter France-Inter, les chroniques alarmistes de Bernard Guetta et c'est pas plus mal.

Steve Marriott...

Quelle putain de grosse claque sur Rene... Un titre qui démarre pourtant bon chic bon genre, jovial et joyeux comme une partie de cricket, couplet/refrain et tout, et qui finit dans la semoule avec la disto qui dérape, monocorde, méchant, à l'ouest... et Song Of A Baker déchire tout, riff de guitare, batterie à renvoyer Keith Moon devant son triangle... Tout cela avant Live At Leeds, Tommy ou Who's Next... Pas étonnant que seul Kenney Jones ait pu tenter de le remplacer, le pauvre Keith... m'enfin bon, hein, ce son sale, dégoulinant, jouissif, avec le piano de Ian Mc Lagan en overdose sur la fin, c'est même pas un Led Zep qui nous l'offrira jamais... idem pour un Love Has Gone à faire pâlir de jalousie un Roger Daltrey qui aurait mieux fait d'écouter le disque plutôt que de se faire pousser les cheveux pour couiner son triste Behind Blue Eyes une paire d'années plus tard...

Enfin bon, too much too soon. Les ténors du genres, Stones et Beatles confondus, ont du faire pipi dans leur culotte en écoutant ça : un album psychédélique MAIS jouissif. Exit Satanies Machin, out Sergeant Pepper...

Même quand ils s'invitent d'autorité dans le salon de thé des Kinks (Lazy Sunday), ces gars-là renversent les tasses, pètent dans le canapé, profitent d'un break pour singer les psychédéliques Pink Floyd, reprennent le Satisfaction des Stones au kazoo, tout ça en trois minutes. et gagnent le cocotier du Top Ten, avec une effronterie qui laisse encore aujourd'hui rêveur.

Et arrive cette réédition miraculeuse. Les sulfureux Small Faces en édition deluxe, mono, stéréo et bonus tracks sur trois CD pas piqués des vers. On regrettera juste qu'il ait fallu attendre 2012 pour que ce joyaux renaisse. A l'entendre, on dirait que les bandes ont dormi sous la poussière des années et le mépris des Sir Jagger et Mc Cartney. Oxydées à souhait, n'espérez pas les miracles rendus possibles par  tous les soins rendus aux masters des Stones et Beatles. Les Small Faces sonnent toujours sales et impertinents, bien loin des cristallins blu-rays ou des onéreux SACD dont ils n'ont que foutre. Ils sont morts, de sclérose en plaque, carbonisés dans l'incendie de leur maison ou plus symboliquement dans une indifférence générale dictée par les grands comploteurs de l'industrie du disque. Comment chanter les louanges des grands ténors réédités à grands coups de millions de dollars quand cette petite galette sournoise, avec sa pochette marrante et son son pourri, les détrône en un riff et d'un revers de manche ?

On connait l'histoire. Séchés devant leur propre oeuvre, ils n'ont rien pu sortir après ça. Steve Marriott tentera Humble Pie avec un Peter Frampton qui récoltera la gloriole avec son Comes Alive ridicule quelques années plus tard, mais il aura quand même eu aussi le génie de transfigurer notre Johnny National avec Rivière...Ouvre Ton Lit. Pour bouffer. Pour le cacheton, c'est évident. Mais même en faisant de l'alimentaire, ces gars-là ne pouvaient pas s'empêcher d'être incroyables.

Incroyable, non ?

Long Agos And Worlds Apart...


13 commentaires:

  1. Jolie chronique... J'ai entendu que du bien sur ces nouvelles éditions augmentées.

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  2. Ce qui est encore plus incroyable, c'est que leurs autres albums (tous réédités également) sont nettement meilleurs. Si tu ne les connais pas je peux te les dropboxer.
    Jimmy

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    1. Merci je les ai tous... mais c'est celui-là que je préfère... J'aime bien quand ça se cherche, que c'est maladroit... mais tu me feras pas croire que Steve Marriott ait balancé des riffs plus crades dans les albums précédents, si ? Moins avide de la fuzz en tous cas, enfin, quoique... mais nettement meilleurs, je suis pas d'accord. Pas du tout. Comme Napoléon, j'assume tout. Ah mais ah mais ah mais enfin quoi !!!

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    2. Ben moi Small ou pas, les Faces me bottent et cet album est simplement divin et tu lui rends bien justice. Bravo et merci.

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  3. Réécoute juste: "I'm only dreaming" et dis-moi combien il y a de plus belle chanson au monde! (Et as-tu déjà entendu Marriott reprendre Bob Marley? Je vais la retrouver et te l'envoyer par mail.)
    Jimmy
    P.S. : je dois aussi avoir un coffret Marriott qui coupe comme un foutu rasoir!

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  4. Comme Jimmy plutôt porté sur les autres albums, du coup tu me donnes envie de redonner sa chance à ce pavé ...

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  5. Hello.
    On a unanimement crié au génie à-propos de ce disque.
    Après l'avoir écouté je n'ai absolument pas compris pourquoi, je m'en suis voulu bien sûr et l'ai bien caché, mais j'en suis resté là des SF.
    Depuis j'ai appris que je n'étais pas le seul dans ce cas et on m'a même dit (mais je ne dirai pas qui!) que "leurs autres albums sont meilleurs".
    J'ai testé (pas tout hein…), j'approuve et peux même maintenant réécouter ONGF plus sereinement…
    EWG

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  6. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  7. J'adore ce groupe que j'ai découvert quasi d'une traite, via d'abord un best of et ensuite les premiers dont celui ci (mais en simple) Du coup je note juste que les ingrédients des deux premeirs sont replacés dans celui ci mais avec la volonté d'être davantage déconstruit, du son qui déborde de partout, fin des hymnes à la "All Or Noithing" (j'ai eu ma crise, la bonne chanson à éructer une fois bourré) mais des dizaines de chemins de traverses... Mal perçu à l'époque il parait? Normal, il y avait un risque et c'est le propre du risque? Non?
    "Love Has Gone"? Doit être dans ton deluxe, car je n'ai pas et donc tu m'obliges... Pfouuu, je ne t'en veux pas, il n'y a pas de raison
    Gracias
    "I'm Only Dreaming" de le conseil de Jimmy....Superbe titre, retour au format qui passe bien en radio pendant que... tout ce que vous pouvez imaginer (THE BOAT THAT ROCKED est un film qui avait bien compris ce besoin de musqiue en radio)

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    1. Oops, désolé, je sais pas ce que j'ai raconté, je parlais de Afterglow (of your love), en fait...

      Désolé Devant...

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  8. ... ouf, après moult recherche .. "Love has Gone" c'était pour "After Glow"
    Tu m'obliges à écouter les paroles en anglais, je suis É POUI ZÉ
    ;-)

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    1. ben re-désolé (j'ai répondu plus haut déjà...)

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    2. Ne sois pas désolé, j'adore aussi ce genre de recherche....

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