Les gars, je viens de finir un bouquin fabuleux. Fabuleux, s'entend, pour qui porte encore un quelconque intérêt à cette chose visqueuse et floue qu'est, qu'a été, le Pink Floyd. Oui, le Pink Floyd, comme on disait à l'époque (que je n'ai d'ailleurs pas connue...) et non pas () Pink Floyd, usine à fric et à remasterisations jusqu'à la moëlle, même si les dernières en dates lèvent quelques pans incroyables, mais de façon onéreuse et discrète : par-ci par-là un Wish You Were Here avec Stéphane Grappelli, des extraits des Household Objects, album avorté, imaginé en tripatouillant les objets du quotidien trente ans avant les samplers, etc.
Pink Floyd (pardon, le...), quelle affaire quand même. Quand le talent surfe sur le fric, les albums tangentent allègrement entre le génie et le tiroir-caisse. Pitié, n'ouvrons pas le débat de Dark Side Of Bidule. Et bien sûr, douloureuse question, l'atomisation de Syd Barrett, psychédélique à souhait, a-t-elle nuit au groupe ou profité à une évolution avec plus de mélodies, des concepts néanmoins novateurs, patin-coufin ? Faut-il préférer les soli définitifs de Gilmour (Comfortably Numb, Shine On Your Crazy Diamond) à la schizophrénie de Waters (sans rabâcher le concept du mur, quelqu'un se rappelle-t-il de Not Now John ? Putain quel morceau !!!) ?
Débat stérile, chacun campe sur ses positions, je ne vous dirai pas la mienne, enfin, vous la devinerez au travers de ce post. J'invite simplement tout le monde que la question taraude à lire ce bouquin, donc, Pink Floyd En Rouge, de Michele Mari. Qui a l'intelligence de ne pas sombrer dans la biographie linéaire, forcément, subjective, mais de proposer une sorte de rapport d'instruction imaginaire d'un procès qui ne l'est pas moins, mettant en cause Waters, Barrett et les autres. Un bouquin franchement captivant, distillant ça et là quelques scoops, quelques questionnements étonnants sur l'Affaire. S'y croisent les dépositions bien sûr imaginaires d'Arnold Layne, du frère de Waters, chauffeur de Taxi, de David Bowie, etc. Où l'on finit par comprendre que rien n'est simple mais que le Pink Floyd, bon diou, c'était ket chose !
Et j'en veux pour preuve, pour un groupe dégommé sur ses tripatouillages en studio, ce bootleg captant majestueusment une Peel Session de 1971, juste avant la sortie de Meddle. Sur la BBC, pas de tricherie, on envoie et advienne que pourra. Du vrai live, donc, issu de l'époque divine de transition entre le pénible Ummagumma, issu de vaines et tardives tentatives psychédéliques et du définitif Dark Side Of The Moon à venir. Atom Heart Mother vient de troubler les derniers fans de Syd avec son grand orchestre, Meddle va finir de conquérir les autres, et le groupe est soudé comme jamais. Délivre une version à rallonge du majestueux Fat Old Sun, déviant de ce côté-ci de la jam session pour retomber sur ses pattes, envoie un Echoes rien de moins que parfait, joue pour une des dernières fois Embryo, qui n'aura pas l'honneur de finir sur un disque et laisse tout le monde pantois dans un dernier blues sans nom, ou Gilmour règle son compte avec Clapton, Hendrix et autres, rappelant que Pink et Floyd, hein, bah, on le sait tous, c'est un hommage à Pink Anderson et Floyd Council, de l'autre côté du Mississippi... Inconnus au bataillon... Comme le père de Roger Waters...
Désolé, le bouquin, faudra l'acheter. Reste le moment incroyable, celui glissé entre la mort et la renaissance, durant lequel on imagine un Waters glorieux, et, quelque part à Stratford-Upon-Avon, un Syd Barrett se réveillant en plein cauchemar, ayant définitivement perdu son groupe. On l'imagine, en rage et en sueur, ne sachant déjà plus très bien à qui il s'adresse, balancer le verdict définitif :
One Of These Days I'm Gonna Cut You Into Little Pieces !!!
Mais Michele Mari dit tout ça bien mieux que moi...
Moi..j'me souviens de Not now John... fameux morceau épique de Final Cut... euuuhhh.. dégommé par le tripatouillage !!! y'a pas que le bootleg dans la vie.. le Floyd est un groupe studio, des gros bosseurs de son, contrairement à Syd qui envoyait la sauce direct et était du coup décalé avec les trois autres qui bossaient le son, la technologie, la lumière, la mise en scène etc etc... Toujours à l'avant garde des machines, Gilmour bossait des heures sur la technologie, autant que sur ses soli.
RépondreSupprimerQuant à la pompe à fric.. j'en connais d'autres et des bootlegers en plus, bien plus buziness grosse entreprise.. même s'ils font des coups de buzz avec des concerts à 15euros au trabendo :DD
Merci pour ton commentaire Charlu, loin de moi l'idée de minimiser tout le reste ! Juste celle de montrer qu'ils étaient capables AUSSI de balancer le truc en live, sans tous les artifices...
Supprimerarff jamais entendu..et en plus j'arrive pas à prendre !!! qqun peu mettre dans la box pour moi :DD
RépondreSupprimerHello Jeepeedee !
RépondreSupprimerMoi ça me fait plaisir ce que tu dis de Gilmour, qu'il règle son compte à Clapton et Hendrix et toussa toussa... sans compter qu'en plus il est depuis le début un grand chanteur, là où Clapton (selon moi) a mis 30 ans à le devenir (pas avant son Unplugged en tout cas).
La couv' du bouquin est très class, soit dit comm'ça ;)
D'accord sur toute la ligne, Alexandre ;o)
SupprimerJe n'ai encore jamais lu un livre sur un groupe et un seul. Le Floyd (oui, on ne raccourcissait pas en le Pink) a une histoire assez riche et en musique surtout (Là où j'ai abandonné au 1er tiers les souvenirs de Keith Richard) mais j'hésite encore, surtout que j'avais déjà rpesque décidé de m'acheter les souvenirs de Nick Mason et je ne sais plus bien pourquoi
RépondreSupprimerJ'essaye de me connecter à L'ANNEE DU DRAGON et le blog est supprimé
RépondreSupprimerdes informations eventuellement ??
Merci
Merci JP pour le disque (et Jimmy ;D)...pis merci aussi pour le bouquin, je l'ai trouvé ce midi d'occas..le pieds...je m'y plonge.
RépondreSupprimerBonne lecture, Charlu... moi j'ai adoré. Bah, tu t'en doutes, non ?
SupprimerOh un article intelligent sur le Floyd, ça existe donc !
RépondreSupprimer:-)
Merci !
[Pour Charlu plus haut, je précise : Pink Floyd avait pour habitude de faire des sessions de jam pour mettre des morceaux au point, puis de les proposer ensuite en live. Ensuite seulement, ça pouvait devenir qq chose en studio. Juste pour dire… :-) ].
Merci Isidore,
SupprimerCa met un peu de heaume au coeur ce compliment, et oui, tu as tout à fait raison, c'était chez eux une habitude courageuse et très peu commerciale que de tester les morceaux avant de sortir l'album... C'était du temps où les concerts n'étaient pas un best of a postiori... où il se passait des choses...
Je n'avais pas encore eu le temps de passer par ici. Je vais essayer de trouver ce bouquin, rien que sur la forme ça m'a tout l'air intéressant.
RépondreSupprimerEt le bootleg pour accompagner le livre ? Le petit plus que je me réserve pour la lecture.