J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


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samedi 27 octobre 2012

# 144 : Mama Rosin "Bye Bye Bayou"

Tabernacle ! Quelle vilaine claque, quel coup de poing dans l'estomac ! On savait le Gumbo un peu lourd lorsque cuisiné par le bon vieux Dr John, attirant les zombies dans une ambiance vaudoue ôtant tout vélléité folklorique à la musique du bayou, mais ces instants sont demeurés bien rares, et c'est bien trop souvent dans une ambiance un peu potache que les mélodéons et autres washboards distillent leur ambiance bon enfant. Laisse le bon temps rouler, quoi !

Mais là...

Pétard.

Mama Rosin, sur le papier, c'est trois suisses s'amusant à déflorer la musique cajun avec une culture rockabilly façon Cramps, ambiance sépulcrale assurée. Bon, ça paraît plus une curiosité qu'autre chose, mais quand je vous dirai que c'est rien moins que Jon Spencer qui s'est joint à la messe noire sur ce coup-là, j'espère attirer votre curiosité au mieux, votre scepticisme au pire. Normal, pas de basse ici non plus, le mélodéon s'acquittant de la tâche de façon aussi pertinente que la guitare baryton dans le Blues Explosion. Eh bon dieu ça le fait grave ! Un album teigneux, méchant, jouissif, un peu comme des Pogues tappant le boeuf avec la Jim Jones Revue, genre. Punk attitude à tous les étages.

Et le bon vieux Jon ne se gêne pas pour pourrir le son des Trois Suisses comme il l'a toujours fait, et semble y prendre bien plus de plaisir encore que sur son dernier album plutôt navrant. N'hésitant pas, ça et là, à rajouter ses petits piments bruitistes à un catfish pie déjà largement pimenté. Sorry Ti Monde devrait mettre tout le monde d'accord à quatre heures du matin, le jour du mardi gras, dans un tripot new-yorkais. Pas entendu baston aussi jouissive depuis des lustres. A ses meilleurs moments, le Gun Club n'a pas sonné aussi brutal. J'exagère ? Ben testez le truc ! Je suis certain que Jeffrey Lee Pierce pogotte allègrement dans sa fosse commune.

Et puis Black Samedi, avec son intro mirifique que ne renierait pas un Rodolphe Burger s'ennuyant dans sa campagne alsacienne, s'englue de façon jouissive dans une mélasse d'okras poisseux, et servirait sans problème de bande son à la destruction de la Nouvelle-Orléans par l'ouragan Katrina. Malsain, désespéré, ordurier, inquiétant, réussi.

Et que dire de Marilou ? Avec un titre pareil, on imagine les folkeux en pull à chèvres s'émoustiller à l'idée d'un quadrille sous le soleil de Bâton Rouge, il n'en est rien, le ver est dans le fruit, et renvoie en trois minutes 18 les babas dans leur terrier, pourrit le Festival Folk de Clisson-la-Fontaine dès l'ouverture, laissant la place nette pour les trois punks locaux trop heureux de dévaster la buvette et lancer les saucisses grillées sur les trois conseillers municipaux grabataires incapables de courir assez vite.

Et Casse Mes objets, c'est un peu Anarchy in Switzerland, ça pogotte et ça roule. 'tention devant, 'tention à l'entrejambe !

Bien sûr, il y a des baisses de tension. Des fois où tout ceci est presque joli (Seco e Molhado), presque convenu (Bye Bye Bayou Birdy Black part 2, l'inévitable Sitting On Top Of The World, quoique...), mais il faut en passer avant par les brûlots cités ci-dessus. Et ça, c'est salutaire. Les programmateurs radio auront tôt fait de jeter la galette à l'Easy Cash du coin. Et nous, heureux téméraires encore capables de se rappeler qu'un album, ça s'écoute sur la durée, on y gagnera le bénéfice non pas du doute, mais de la certitude que cette fichue musique cajun mérite mieux que les stages d'accordéon diatonique, que le banjo n'est pas réservé aux rednecks et que toute cette culture, elle est définitivement à nous.

J'ose même penser qu'il existe, quelque part dans un coin de la Louisiane, des vieux de la vieille qui verseront une larme d'émotion en se disant que oui, leur histoire va continuer à vivre. Les temps changent, comme dirait Cabrel, pardon, Dylan, et les suisses prennent leur bateau pour émigrer en pays Cajun. Et dieu sait si c'est pas facile.

Cerise sur le gâteau, Story Of Love And Hate donne une vague idée de ce qu'aurait pu être le Velvet Underground s'il avait été fondé par Louison Roseau.

Profitez-en vite, Paraît Qu'Y A Pas l'Temps


PS : Je suis mauvaise langue... Les Mama Rosin sont passés au Binic Folks Blues Festival (no comment, quoique le s du folks laisse entendre une velléité de réhabiliter une certaine musique au-delà de son acception habituelle) chez nos amis Breton cet été, et il semblerait que le monde soit donc prêt... m'enfin ils avaient pas entendu le nouvel album, visiblement, parce que là c'est encore bien bien gentil... Quoique... en traînant sur youtube, le vénérable Kid Congo semblerait y avoir balancé un set très peu folk, aussi. De même que Burn In Hell ! Fouchtra ! Tout ceci me donne bien envie d'aller faire un tour chez eux... Hey, les copains bloggeurs, on loue un bus, on y va l'été prochain ?

11 commentaires:

  1. je me lance , y a pas l' temps...
    clap clap pour accoler Cabrel et le Gun Club. il y a un bien un lien avec la chronique d'hier.

    merci

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    1. Merci Marius, c'était un peu voulu et tu l'as bien compris !

      Mais vu le commentaire d'Anonyme ci-dessous, (soit, selon Google, 100 000 000 millions d'internautes, quel courage !) merci d'éviter aux Mama Rosin qui n'y sont pour rien la sortie du dernier Cabrel !!!

      Toutes mes amitiés

      Jeepeedee

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  2. mdr comment peut on railler Cabrel et sélectionner un pseudo blues ??? §§§

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    1. Cher Anonyme,

      Cabrel a-t-il tenté le blues ? Que nenni me semble-t-il, quand à toi, si tu avais des oreilles faute d'avoir des ... pour signer ton commentaire, tu aurais entendu que jamais Mama Rosin n'essaye de jouer le blues, pas plus d'ailleurs que le Jon Spencer Blues Explosion. J'aurais aimé que tu postes ton caca nerveux sur le post de Cabrel, plutôt que de pourrir celui-ci. Mais je ne t'en veux pas, et te remercie d'oser - déjà - commenter. Le disque ne t'as pas plu ? Ben ouvre un blog et poste les tiens, on sera heureux de te compter parmi nous !!! Mais peut-être souhaites-tu finir la lecture du Nouvel Obs, alors prends ton temps...

      Amicalement

      Anoneeme (alias Jeepeedee)

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    2. Tu as encore beaucoup à apprendre si j'en juge part le fait que du refuse de croire que ce que je viens d'entendre n'ai pas du blues,les oreilles ça se nettoies... essais, je suis sur que tu reviendrai sur le concept du blues... crâne d'oeuf (je me permet quelques égards de langage vu tes égards de vulgarité) Je vois que ta copine Jimmy est émmerveillé par tes écrits salafiste petit pd, au pardon, jpd.est tu musicien au moins? la critique est un métier qui demande beaucoup de classe pour exprimer son ressenti sans pour autant vomir autant de connerie que ce que tu écris. Amicalement
      Anonymus :)

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    3. Waouh, très impressionnant. beaucoup de classe disais-tu ?

      Entre les insultes de cour de récré et le français d'école maternelle on a un peu de mal a trouver les arguments.

      Finalement tu as raison, reste anonyme, c'est mieux comme ça.

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    4. Cher Andouille,

      Je passe sur les fautes d'orthographe. Quand tu critiques mes posts, sache au moins que j'en fais moins que toi, ce qui n'est pas très difficile. Oh, j'aime beaucoup "petit pd", c'est presque aussi beau que "bébé bleu", mais blague à part, en plus d'être pleutre par ton anonymat, tu me semble aussi fachiste ? Mais quelle belle carrière qui t'attend là !!! Décidément, Andouille, que je me permettrai d'appeler Anonyme puisque tu as tant e talents, tu n'as vraiment rien à faire ici. Nous sommes d'immondes pervers que tu auras tôt fait de coller au pilori le jour où le pouvoir t'en sera donné. En attendant, j'espère vivement que l'on sorte une nouvelle compile de Gold pour que tu me lâche la grappe, Andouille (désolé, je ne peux pas m'empêcher d'être affectueux avec toi), et que lâche un instant ce blog, s'il te plaît. Quant à savoir si je suis musicien, Andouille, je n'en sais rien. J'ai posté ça et là sur ce blog quelques chansons, mais visiblement tu n'es venu ici que pour grapiller l'oeuvre de ton idole gratis. Mais sans doute connais-tu par coeur toutes les tablatures de "Eric Clapton Unplugged", waouh ! Tu connais le blues, toi !

      Moi je sais pas les jouer. A vrai dire, je m'en fous. Je vis ma vie et je dis ce que je pense.

      Ca t'épate, hein ?

      Allez, Andouille, retourne sur Facebook, clique sur "J'Aime" et fais-toi des amis...

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    5. t'énerve pas,tu vas nous faire une monté de lait. Désolé pour les pour les fôtes :) je suis comme tous les gens du voyage, mal aimé et incomprit. Tu ne te rend pas compte qu'en insultant un artiste tu insultes tous les artistes.Tu ne connais pas le prix à payer pour apprendre à jouer de la guitare et arriver à être accepté et reconnu dans le monde du show biz et plus difficile celui de musicien de studio.Cabrel,Clapton,Satriani, les Wooh ou n'importe quels autres artiste a le droit au respect. Si tu n'aimes pas dit le avec respect et avances des arguments attractifs voir techniques.Tu parles de leur business de leurs maison de disque et de l'argent qu'ils gagnent comme si c'était un mal!!! C'est leur travail!!! rien de plus normal. Pour les Mama Rosin je ne les connais pas, mais plutôt de dire qu'il faudrait les promouvoir plutôt que cabrel qui fait un hommage à dylan (c'est son droit crois moi il sera au minimun disque d'or ) va engueuler leur manager qui ne fait pas son job et n'est pas assez virulent avec les producteurs et autres organisateurs de spectacle.
      Tu dis: (Moi je sais pas les jouer. A vrai dire, je m'en fous. Je vis ma vie et je dis ce que je pense:)
      je te dirai: penses à ce que tu dis avant d'écrire et sans remuer le couteau dans la plaie tu devrais attentivement écouter l'album Des roses et des orties, il te renverrai à l'image que j'ai de toi pour le moment.
      Anonymus Andouille d'or triple A 2012 :)

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  3. Hi Jeepeedee

    Brûle lentement était déjà un bonheur. Si celui-ci est du même tonneau, je m'en sers vite une pinte. J'avais posté Brûle lentement justement pour le dernier Grand Jeu, le lien est toujours dispo.

    Ces gars-là en sont déjà à leur 5ème album et méritent qu'on en parle et qu'on les fasse connaître, les blogs servent aussi à ça.

    Puisqu'il est question de comparaisons audacieuses, Cabrel a déjà son fond de commerce et son exposition médiatique, pas la peine que les blogs lui fassent plus de pub. Moi entre les deux je n'hésite pas une fraction de seconde.

    Quant au commentaire anonyme : no comment, ce serait inutile. Ou à la rigueur : mdr pour se mettre au niveau.

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  4. J'arrive à la bourre, et je te remercie pour ce Mama Rosin qui m'a l'air plus garage qu'à l'accoutumée! Il me tarde de les revoir sur scène, les frangins, c'est toujours un grand moment.

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