J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


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dimanche 1 juin 2014

#171 : Led Zeppelin I, II, III (deluxe editions)

D'abord, voici le lien que j'ai trouvé. Il ne survivra sans doute pas plus que quelques heures, mais il est de fait conforme à ce pétard mouillé, les rééditions Deluxe des trois premiers albums de Led Zeppelin.  Donc, tentez votre chance ici et ne venez pas me demander d'uploader le machin si ça fonctionne pas. C'est tout simplement que le buzz, l'événement, aura déjà un goût de pétard mouillé doublé d'un risque d'intoxication alimentaire lié à l'ingestion d'une omelette qui serait restée trop longtemps dans la poële sans que finalement, personne ne songe à la dévorer faute de cèpes ou de morceaux de truffe qui auraient pu la rendre appétissante.

De quoi parlons-nous ? Des trois premiers albums de Led Zeppelin, fraîchement remasterisés par Jimmy Page himself. Faute d'arriver à embarquer ses camarades de l'époque dans une tournée revival dont la fructuosité financière n'était pas à mettre en cause (mais ont-ils encore besoin de plus de fric à leur âge avancé ? Robert Plant se la pète grâcement dans des évoluments folk/new âge avec - entre autres - Allison Krauss dont la compagnie doit lui paraître plus agréable que celle du vieux renard et John Paul Jones, d'un claquement de doigt revient sur le devant de la scène quand il veut avec les Them Crooked Vultures, tardive mais jouissive revanche), il ne lui restait plus que cette carte, déjà froissée, ressortie deux fois : remasteriser le Zep. Pilonner l'idée par là-même, que seul lui pouvait, peut et pourra le faire. Car Jimmy détient toutes les bandes. Jimmy est le Maître du Jeu, même si plus personne ne semble s'intéresser à tout ça. Mais on imagine clairement que Jimmy détient des billes chez Atlantic Records et qu'on l'appelle Monsieur, et que, comme on sait qu'une n-ième réédition des albums de Led Zeppelin ne devrait a minima pas faire perdre d'argent à la boîte, on laisse faire. On n'oublie pas.

Alors quoi, qu'en est-il, au final ? Evidemment je tremble de crainte car vu l'âge avancé de Sir Jimmy Page, y'a bien des chances qu'on touche là les dernières rééditions gravées de son sceau. Qu'avait-il donc dans les larges poches du manteau qu'il arborait en 1971 ? A la demande générale, on l'a dépouillé des manuscrits d'Aleister Crowley. Ce chien noir venu, post-mortem lui rendre visite pour le quatrième album et le gratifier du morceau définitif.

C'est là que le bât blesse. Entre quelques miettes de speculos, souvenirs d'un cafe latte à Palerme en 1973, à bien chercher, il n'y a plus rien. Entendez par là, une remasterisation du disque, et un deuxième CD qui ne sert à rien. Si ce n'est à dire, voyez-vous, on était parfois pas bons. On n'y est pas toujours arrivé. Ou, à l'inverse, si vraiment on leur veut du bien, voyez-vous, même les premières versions, là, elles avaient déjà le truc.

Le problème étant qu'on te croit sur paroles, Jimmy. Sais-tu qu'on a tous déjà des dizaines de pirates, en vinyle, CD ou mp3 qui nous ont raconté ce que tu éventes à peine ?

Alors, non, bien sûr, il y a le concert à l'Olympia de 1969, qui sert de bonus disc au Led Zep I. Salaud de ta race, quand même. Après avoir hurlé à qui mieux-mieux durant ta grandiose carrière qu'il n'était pas question que Led Zep joue en France parce que le son des salles était trop pourri, tu en fais aujourd'hui un argument de vente ? Et qu'est-ce qu'on fait, nous, maintenant ? On hurle cocorico ? Désolé, t'es passé 15 jours après le FN et les cocoricos, ça va comme ça ! Et c'est pas ceux qui se sont tapé des voyages à Knebworth qui viendront aujourd'hui te pardonner de ton mépris légendaire (on parle bien de légende, là, non ?)

Alors quoi, le remastering ? A l'heure du mp3, franchement, on s'en bat l'oeil. Et pour le reste, un minable lecteur CD étant à même de reproduire les mêmes octets qu'une platine Pionneer, ne reste guère que la présence d'un éventuel ampli Harman-Kardon dans le salon pour se faire pipi dessus en écoutant la nouvelle dynamique du son... Super cool, on va se défoncer dans le salon au risque de péter l'écran plat en jouant de l'air guitar sur Whole Lotta Love ?!!

Oui, je sais, je suis méchant. Mais quand on ne pense même pas à rajouter Hey Hey What Can I Do sur la réédition du Led Zeppelin III, seule face B de 45 tours historique, je dis que voilà vraiment un travail mal fait, en plus que d'être inutile.

Tu vois, Jimmy, j'ai passé un excellent week-end avec des amis, on a branché la platine vinyle, on a enchaîné les versions 45 tours de Whole Lotta Love, Immigrant Song, Rock'n'Roll et Black Dog, et crois bien que tout cela n'avait rien de remasterisé, même que je me suis fait la réflexion que Black Dog, le disque est en sale état. Mais on s'est éclaté comme des vieux cons que l'on est.

Qui n'en ont rien eu à foutre de ces rééditions de tout le week-end. Et qui, de retour dans leur quotidien aussi minable sans doute, voire pire, que le tien, n'en auront encore moins à foutre à l'avenir.

Oh puis au risque de continuer à être méchant, et même si cela n'a jamais été l'objet de ce blog, faisons-la façon 50 millions de consommateurs : A part les disques originaux, qu'on écoute de toute façon le volume à fond, et dont on se fiche donc de la remasterisation, qu'y a-t-il en plus ?

Led Zep I : OK, le concert à l'Olympia, Led Zep dans ses vieux jours et sa belle énergie. Euh... vous nous aviez pas déjà fourgué un DVD et une compile des BBC sessions dans lesquelles on avait déjà compris tout ça ? Allez, peut-être bien le disque à racheter s'il en faut un pour se persuader que c'était pas la peine.

Led Zep II : Alors là, au niveau bonus disc, on touche le fond. Sauf à éjaculer sur place parce que Robert Plant ne place pas ses Baby baby baby comme sur l'original, je ne vois rien. Si ce n'est l'inédit La la (en version instrumentale, jamais finie), venant contredire le bel adage comme quoi Led Zep n'a jamais fait de la pop. En fait, ils n'y sont pas arrivés, et c'est très différent. Triste.

Led Zep III : Passons sur le fait que Hey Hey What Can I Do y aurait eu toute sa place, peut-être même en bonus en fin du CD1, on y découvre, outre les inutiles rough mixes, qu'il s'agit là d'un album non abouti. Visiblement, le Zep lorgnait du côté du country-rock (Jenning Farm's Blues) mais la flemme aidant, le concept face électrique/face acoustique s'est soldé par le Brown-Yr-Aur-Stomp qu'on connait, tant pis pour Johnny Cash. Tant pis pour tout le monde, car franchement, ça sent le laisser-aller et la prétention à tous les étages. Les rough mixes d'Immigrant Song et Celebration Day ne font que nous rappeler que ça ne tient pas la route face à un Whole Lotta Love. Seule vraie exclusivité, ce medley Key To The Highway/Trouble In Mind, avec Robert Plant coincé dans la machine à laver comme dans (Hats Off to) Roy Harper, qui sentait déjà le remplissage. Ce qu'on pouvait prendre pour une idée passable de finir le disque avait donc été développée mais heureusement ignorée. Ca fout les boules, franchement.

Par pitié, ne touche pas au quatrième album, Jimmy. Laisse-le comme il est. Ne viens pas nous y coller des bonus dans lesquels tu te rate sur le riff de Black Dog. Franchement, ça n'a aucun intérêt, ça nous fait même pas rire. OK, on aura reparlé en 2014 de Led Zeppelin. C'est fait, c'est bon, au lit.

Edit : oh mais j'en rajoute. Ces Backing Tracks en bonus, elles seraient pas là des fois pour faciliter le sampling des groupes de rap ? Remettre au goût du jour un Thank You ou un Friends , ou un Bathroom Track via Rihanna ou - qui sait - les Daft Punk branchés analogiques une fois venus à bout de leur logique numérique ? J'en vomis mes dernières couleuvres...

8 commentaires:

  1. La putain de forme que tu tiens là ds donc, commentaire à coupler avec la taillage de costard pour notre Manset.
    Bon, des billets comme ça, lu le lundi, ça me donne la pêche.
    Sinon quoi? Ha oui, le led Zep II, le carton aux US, moi j'espère encore quelque chose du remaster, tellement déçu je fus et je suis de la version vinyle au son étouffé (volontaire?) même la sono à fond, il n'y a pas cette couleur métallique (métaphore pour illustrer la clarté et les aigus) qui m'avait tant touché sur le premier album.
    Sait on jamais.

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  2. C'est pas sport, je commente mon propre post. J'ai comparé "Whole Lotta Love" dans sa version remaster 2007 et la nouvelle, sur Spotify. Je n'y entends aucune différence. Si j'avais le courage, je comparerais les dynamiques avec un truc du genre Adobe Audition, mais je ne l'ai pas. Si j'ai besoin d'un logiciel pour me convaincre de l'intérêt du truc, franchement je ne comprends plus. De la pure arnaque ce machin, restent à évaluer les rééditions vinyle, mais ne comptez pas sur moi pour le faire. Péter un mix numérique sur un vinyle relève de l'arnaque, votre pauvre platine ne pourra rien en faire. Jusqu'au bout, qu'ils se foutent de notre gueule. Ecoutez Endless Boogie (le groupe), plutôt. Là ça vit, c'est organique et c'est aujourd'hui. Merde.

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  3. Qu'est-ce qui t'arrive, Jimmy, t'as besoin de sous ?
    T'avais qu'à le dire, on se serait arrangé avec J.F. Copé pour qu'il organise une collecte !!!
    Parce que je vais te dire, Jimmy, l'œuvre de Led Zeppelin est gravée dans l'acier pour l'éternité et personne n'a le droit d'y touche… même pas toi, Jimmy.
    Alors peut-être que ces remasters vont attirer une nouvelle génération de fans, mais les accrocs de la première heure ne seront pas au rendez-vous.
    Sorry, Jimmy !

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  4. Youhou JeePee :)

    okessafédubien de lire tes commentaires!
    Je pense globalement tout pareil...

    Affectueusement,

    Lyc

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  5. Led Zep, rien de neuf.
    Toujours aussi creux.

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  6. putain à vous lire on sent que vous avez des avis définitifs sur la zique enfin comme vous êtes vieux comme moi vous avez le droit de faire vos vieux à qui on l'a fait plus !!! mais c'est incroyable comme vous descendez du vélo pour vous regarder pédaler (écrire sur les disques en fait !) c'est plus rigolo que pathétique a croire que Maneuvre a frustré une génération entière de quinquas rock critics byebye

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  7. Je trouve très salutaire ton article. Je trouve que la béatification du rock d'il y a 30 ou 40 ans (voie plus) ans vraiment saoulant. Et qu'un gars comme Jimmy Page se permette de nous prendre de haut (cf son interview dans R&F) comme s'il était dieux le père) quand on sait sa capacité à "s'inspirer" outrageusement ci et là...
    Qu'il mérité sa place dans l'histoire du rock, OK, mais j'avoue avoir du mal avec la génération de rockers rentiers comme lui qui se voit dérouler le tapis rouge partout alors que les jeunes groupes rament plus que jamais à se faire une place et à vivre de leur passion.
    Au lieu de continuer à parler de ces vieilles statuts qu'on dépoussière périodiquement, il faudrait s'interroger un peu plus par qui les remplacer.

    Je dis ça, en même temps, j'écoute de moins en moins de nouveautés. Mais c'est aussi parce qu'on ne sait plus nous faire vibrer avec le présent. Aujourd'hui les jeunes préfèrent passer leur temps à jouer sur une console de jeu que'écouter du rock. Et je ne pense pas qu'en leur parlant de disques de grand père que tout le monde connait les aident à décrocher de leurs manettes...

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  8. Bravo ! Commentaire exalté et ô combien exaltant. Ca fait des plombes qu'on le dit : Page n'est pas un bon maître ès-remastering (si je puis me permettre ce désolant anglicisme). Je ne sais pas ce que les albums de notre enfance avaient de crasse pour devoir croire qu'il en faille retirer quelque impureté ici ou là. Déjà, le coffret des vidéos paru voici une bonne décennie nous avait montré la médiocrité de ce groupe en public à l'aube des 70's (le second DVD étant de loin de meilleure facture), alors que pouvait-on espérer avec ces redites ? C'est vrai que ça lasse, ces rééditions qui n'apportent rien à la légende de ces groupes mythiques que sont le Zep' ou les Doors et qu'il y a de toutes façons tous les ans un livre qui nous dit "Moi aussi, j'étais à Woodstock" pour nous en apprendre davantage (ou pas) sur les idoles des posters de "Best". Il est donc salutaire de lire un avis aussi tranché. Mille fois merci !

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