J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


- - - Disapproved by the Central Scrutinizer - - -

dimanche 25 mars 2012

#120: Jack Frost "Changing Of The Guards - The Very Best Of Jack Frost"

Blowin' In The Wind, The Times They Are A-Changin', It Ain't Me Babe, Mr TambourineMan, Like A Rolling Stone, I Want You, Just Like A woman, All Along The Watchtower, Lay Lady Lay, Knockin' On Heaven's Door, Tangled Up In Blue, Hurricane... STOOOOP !

L'homme dont je parle ici a permis à tout le monde de gratter une guitare, de dire ce qu'il pensait, puis a insufflé la poésie dans le rock'n'roll, et puis s'en est allé avant de revenir poète, tout ça en quinze ans à peine. Et puis dans les années 1980, avant que de l'avoir vu ridiculisé par des productions grotesques (même lui a eu droit à cette p... de reverb sur la caisse claire), il s'était mis en tête d'avoir rencontré Jésus. Et les jeunes de l'époque (Mark Knopfler, salaud d'opportuniste, de le suivre - ou plutôt de l'accompagner - sans vergogne).

Passé 35 - 40 ans, voilà notre homme obligé de proposer de nouvelles chansons sans cesse comparées, disséquées et évaluées par rapport aux canons du genre. Alors que tellement plus essentielles. Cruel.

Imaginons donc cet homme mécanicien chez General Motors jusqu'en 1981. Il chante dans les rades du coin, se fait remarquer par les gosses de REM au hasard d'une tournée, et sort son premier disque à cette époque. Végète un peu dans le milieu underground, sort des disques en catimini, et est aujourd'hui réédité miraculeusement par Rhino. The Very Best Of Jack Frost. OK, ça fait déjà bien longtemps. Mais imaginons qu'avant, il n'y ait rien eu. Oubliez Like A Machin Truc. Laissez-vous porter, je vous fais la chronique de cette découverte sur le web. Celle d'un vieux songwriter abruti par une vie de dingue à serrer des boulons. Qui, musicalement, commence en 1981... :

"Il aura fallu attendre 2012, risquer la mort du CD avant que de pouvoir enfin profiter de Jack Frost. Ouvrier chez General Motors, Jack Frost a traversé trente ans de production discographique le plus discrètement du monde, oublié des rééditions du temps de l'heure de gloire du CD. Aujourd'hui, c'est mieux que rien, un best of de 13 titres nous parvient enfin. Une carrière en dents de scie, débutée en 1981 avec un hommage à Lenny Bruce ici présent, et qui n'a jamais fait rien d'autre que de témoigner de la vacuité et de la vanité de notre époque. Qui n'a jamais rien dit d'autre, que les choses ont changé, mais par rapport à quoi ? A qui ? Et que signifie ce titre, Changing Of The Guards, aurait-il vécu autre chose avant ? Malheureusement pour le critique, rien, aucune information n'est jointe avec ce CD, dont le livret est plus qu'abscons.

Est-il possible, envisageable, en 2012, qu'une compilation d'un inconnu comme Jack Frost puisse attire le chaland ? People are crazy and times are strange, chante-t-il. Mais ça n'est pas nouveau. Donovan nous le disait déjà dans les années 1960. Certes pas avec autant de désabusion, pour citer Nino Ferrer, mais y a-t-il une place aujourd'hui pour un auteur-compositeur inconnu des médias, égrenant sur de vagues notes de piano un hommage à Blind Willie Mc Tell oublié de tous ? Et qui se souvient de Lenny Bruce ?

Il y a plein de nouveautés à écouter sur Deezer de nos jours, y a-t-il une place pour un vieil ouvrier n'ayant jamais connu la gloire nous parlant ainsi présomptueusement de dignité ?

A en croire Jack Frost, au-delà, il n'y a rien. Et la compilation se termine sur un Ain't Talkin' ténébreux. Mais qui est-il pour nous dire tout cela ?

Et de rajouter un bonus track, proposé (quel toupet !) mais refusé à l'époque (1967 !) par Columbia. I'm Not There.

Je Est Un Autre.

Ce gars-là aurait-il pu avoir sa chance ? La version live de son unique tube, Love Sick, laisse penser que oui. Un disque étrange, donc.

A vous de juger..." (Les Inrockuptibles, avril 2012)

Things Have Changed...

Tracklist (obligé...)

01 - Dark Eyes
02 - Love Sick (live @ Grammy Awards)
03 - Every Grain Of Sand
04 - I & I
05 - Highwater (for Charley Patton)
06 - Man In The Long Black Coat
07 - Things Have Changed
08 - Lenny Bruce
09 - Beyond Here Lies Nothin'
10 - Dignity (Brendan O'Brien Mix)
11 - Blind Willie Mc Tell
12 - Ain't Talkin'
13 - (bonus track) - I'm Not There

PS : une compile de Bob D... euh, pardon, Jack Frost, c'est une prise de tête façon prise de la Bastille. Une cruauté, une place au doute incessante. Inutile de dire que je vais me la graver sur un CD et passer la semaine à l'écouter dans ma bagnole, voir si ça passe, si c'est cohérent. Soyez indulgents, c'est ma première tentative dans le genre... 12 titres ! je me fais moi-même violence, du coup j'ai pas pu faire autrement que rajouter un bonus track... sans doute des progrès à faire... vous me direz...


PS2 : Cette compile vient en réponse d'une tentative teutonne de chez Columbia de sortir un truc s'appelant "Pure Dylan", diffusée chez Lyc (j'ai la flemme de chercher le lien, sans doute plus valable depuis mega dead load, en plus) et qui visait uniquement, sous couvert de morceaux peu compilés, de balancer une rareté inédite en CD (Trouble In Mind, pour ne pas la nommer) et prétendre atteindre au coeur de l'artiste. Raté, pitoyable, mercantile, j'espère bien modestement avoir touché plus au coeur de ses chansons moins rabâchées avec les moyens du bord.

8 commentaires:

  1. Il a écrit de bien belles chansons, ce Jack Frost, mais comment aurait-il pu réussir avec cette voix de canard étranglé?!!!!!!!!!!!!
    Jimmy

    RépondreSupprimer
  2. Paco's brother26 mars 2012 à 10:38

    D'ailleurs Bernard Henry Lévy a l'intention d'écrire un essai sur la vie sexuelle de Jack Frost que je ne saurai trop conseiller en complément de l'article élogieux que tu lui consacre.

    RépondreSupprimer
  3. @Jimmy et Paco's Brother : vous êtes une bande de mécréants. Adorables, mais mécréants. Lire un essai sur la vie sexuelle de Mon Héros ne m'intéresse guère, surtout par Bernard-Henry Lévy. Quant à Jimmy, pas de chance, quand bien même il clamerait la plus haute objectivité dans ses propos (chose que j'entends, et son commentaire me fait bien marrer, ceci dit), je suis doublement blessé. J'avoue une passion immodérée pour le canard, sous toutes ses formes et dans toutes ses sauces. Ne connaissant pas ses animaux préférés, et décidé que je suis de ne pas lancer une altercation stérile, je ne dirai pas à quel animal domestique Lou Reed me fait penser, en retour, et je ne lui poserai pas la question de savoir si Lou Reed est au courant qu'il y a 7 notes dans une gamme (et ça n'est pas en jouant avec Metallica qu'il va s'en rendre compte) et donc de savoir pourquoi il n'en utilise que deux au meilleur de sa forme, alors que mon canard en connaît au moins trois. Pan. En toute amitié, mais pan.

    Hé hé...

    Ceci dit, merci pour les commentaires, les copains. Comme d'hab. On est là pour rigoler, hein !

    RépondreSupprimer
  4. Ce billet serait-il un tantisoit 'hermétique' ou ça vient de moi ?
    J'ai même du chercher qui c'était c'était ce Jack Frost...
    Nonobstant ce détail (?), j'apprécie quand même le gars et je vais donc écouter cette compil' concocté par le tôlier, lui-même.
    M... je vais encore me faire engueuler.
    Donc acte, merci JP ;).

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. ConcoctéE, la compil... Dommage qu'on ne puisse pas éditer nos messages parce que si en plus de raconter des conn***, je ne peux pas les corriger...

      Supprimer
  5. Je tiens à l'écrire et en majuscule s'il le faut: JE SUIS ARCHI FAN DU CANARD DYLAN!
    Jimmy

    RépondreSupprimer
  6. @Walter Closed : Jack Frost est le pseudo choisi par Dylan en tant que producteur (?) de ses albums... donc oui, c'était un peu un délit d'initié. Ravi que tu tentes le voyage sans tubes (ou presque), l'animal ayant tendance à cacher ses joyaux immortels sous des perles plus dispensables...

    @Jimmy : je n'en doute pas, à boutade boutade et demi, je t'ai amicalement titillé sur Lou Reed... et je peux l'écrire en majuscules aussi : JE SUIS ARCHI FAN DU BOUGON LOU REED ! Mais certes moins frénétique sur le sujet, je n'aurais pas la prétention d'oser une compilation... Chacun son dada... J'espère que cette petite sélection t'a plu, égoïstement elle fonctionne bien pour moi...

    RépondreSupprimer
  7. Cela fait du bien de t'entendre encore faire coin coin,
    mais il y a des autres Jack que j'écoute avec beaucoup plus
    d'émotions. Sorgual

    RépondreSupprimer