J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


- - - Disapproved by the Central Scrutinizer - - -

mardi 19 mars 2013

#5Z : Thin Lizzy "Vagabonds of the Western World (deluxe)"

Parce qu'il n'est pas inutile de battre le fer tant qu'il est chaud, parce que cette ultime offrande du Lizzy 3 est la plus décisive de leur jeune carrière et parce que vous le méritez bien, je vous propose aujourd'hui une suite (une préquel comme on dit au ciné) à l'excellent Nightlife.

Demeuré un inébranlable trio jusque ce 3ème album, Thin Lizzy n'était alors que l'embryon du groupe ayant popularisé les "duelling guitars" avec Wishbone Ash au cœur des glorieuses 70’s. Pourtant - dans ce hard rock typiquement 70s parfumé de folk, de blues et de psychédélisme - les germes du génie de Lynott sont bien présentes.

Toujours chez Decca chez qui ils ont sorti leur deux précédents opus, Thin Lizzy ne reçoit que peu de promo d'un label qu'ils quitteront bientôt. Le potentiel ne manque pourtant pas et, du bluesy en diable "Mama Nature Said" qui ouvre l'album à la ballade "patchouli" qui le clôt ("A Song for While I'm Away"), c'est à une éfficace et variée collection de chansons à laquelle nous avons affaire.

Pas très éloignée de la formule popularisée par Cream, le Taste de leur compatriote Rory Gallagher ou l'Experience de Jimi Hendrix - celle du power trio hard'n'blues en gros - Thin Lizzy ne brille certes pas par son originalité. Evidemment, l'inimitable voix de Phil Lynott suffit à affirmer une identité à cette galette qui - entre les mains d'ouvriers moins dotés par les dieuxt - n'eût été qu'un album de plus dans la grande histoire du Rock'n'Roll. On n'est d'ailleurs pas loin de cet écueil sur le morceau le moins inspiré de ce "Vagabonds of the Western World". En effet, si le sympathique blues qu'est le bien nommé "Slow Blues" s'écoute sans déplaisir, il ne laisse pas exactement une impression durable (bien qu'il prenne une toute autre ampleur en live). Cependant, marque des (futurs) grands - et chose qu'on pourra aussi constater avec les débuts de carrières aussi incertains et inaboutis de Deep Purple ou d'Uriah Heep - même sur une composition moins ouvertement essentielle, on trouve plus de "machins" satisfaisants que dans les discographies combinées de tous les représentants de la britpop (de funeste mémoire).

Bien entendu, Lynott et Downey sont excellents. Tels qu’on les connaîtra dans les années à venir en fait. Quand à Eric Bell – le troisième larron et celui dont le départ déclenchera la révolution du duo de guitaristes – il n’est pas en reste dans un style relativement comparable à celui de Clapton période Cream y ajoutant tout de même – marque probabale de l’influence psychédélique – un petit quelque chose de "fluidement fou" qui n’est pas sans évoquer John Cippolina de Quicksilver Messenger Service et une "irlandité" bien ancrée.

La production de Nick Tauber, déjà responsable de la mise en son sur "Shades of a Blue Orphanage", est propre et appropriée à défaut d’être spectaculaire. L’ingé son connaîtra des heures plus fastes au début des années 80 avec notamment ses travaux sur les deux premiers albums de Marillion.

En définitive, si on devait reprocher une chose à cet excellent "Vagabonds of the Western World" c’est de ne posséder qu’une chanson réellement emblématique (The Rocker), heureusement, les différentes rééditions y ont accolé les singles de l’époque (le délicieux "Randolph’s Tango" et la fameuse reprise du traditionnel "Whiskey in a Jar") boostant d’autant une sélection déjà d’une belle qualité. La présente édition rajoute moult bonus. En plus des singles précités, de nombreuses sessions pour la BBC y sont présentées. Pas indispensables, elles montrent tout de même la belle qualité du groupe en trio ou déjà en quatuor avec l'arrivée de Robertson et Gorham (sur deux des bonus made in BBC) et même d'un Gary Moore de passage sur un Sitamoia d'anthologie (disque 1).

Vous l’aurez compris, "Vagabonds of the Western World" s’adresse avant tout aux fans hardcore de Thin Lizzy et aux amateurs de hard rock du début des années 70. Croyez-moi, ceux-ci seront comblés. Les autres devront avancer ici à pas de loup et y découvriront probablement un album de bien meilleure qualité que ce que sa réputation laissait entrevoir. Essentiel à la compréhension de l’évolutuon de Thin Lizzy, "Vagabonds of the Western World" n’est pas le meilleur album de ses auteurs mais un œuvre éminemment attachante néanmoins.

Disc 1
1. Mama Nature Said 4:52
2. The Hero And The Madman 6:08
3. Slow Blues 5:14
4. The Rocker 5:06
5. Vagabond Of The Western World 4:44
6. Little Girl In Bloom 5:13
7. Gonna Creep Up On You 3:27
8. A Song For While I'm Away 5:09
Bonus Tracks
9. Randolph's Tango 3:49
10. Broken Dreams 4:26
11. The Rocker (Single Edit) 2:41
12. Here I Go Again 3:53
13. Cruising In The Lizzymobile 4:07
14. Little Darling 2:55
15. Sitamoia 3:20
16. Slow Blues (1977 Overdubbed & Remixed Version) 4:43
17. Randolph's Tango (Radio Promo Edit) 3:22
18. Whiskey In The Jar (Single Edit) 3:43

Disc 2
BBC Radio 1 In Concert
1. The Rocker 5:53
2. Things Ain't Working Out Down At The Farm 7:32
3. Slow Blues 7:28
4. Gonna Creep Up On You 3:27
5. Suicide 4:28
BBC Radio 1, John Peel Session
6. Vagabond Of The Western World 4:28
7. Gonna Creep Up On You 3:22
BBC Radio 1 Rock On Session
8. Little Girl In Bloom 4:41
BBC Radio Bob Harris Session
9. Sitamoia 3:45
10. Little Darling 3:05
11. Slow Blues 5:31
12. Showdown 4:12
BBC Radio 1, John Peel Session
13. Black Boys On The Corner 4:13

(1) les Vagabonds
et les Vagabonds (2)

4 commentaires:

  1. C'est le premier Lizzy que j'ai acheté et je ne m'en suis pas encore remis. C'est un disque extrêmement varié, avec des morceaux pêchus comme le mythique "Rocker" et d'autres d'une douceur infinie (Little Girl in Bloom). Ce qui caractérise cette œuvre, c'est sa "rondeur" : tout se déroule naturellement, sans anicroche, comme dans un rêve.
    S'il est juste de citer Eric Bell, il ne faudra pas oublier Brian Downey... batteur hyper-doué qui privilégie le feeling à la force de frappe.
    Une œuvre majeure dans la discographie du groupe.

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    1. Ha ! les premières fois.... Perso, je ne me suis toujours pas remis de Renegade, mon dépucelage Thin-lizzien.
      Et, non, je n'ai pas oublié Downey, uns des batteurs les plus fins de sa génération.

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  2. Je reviens sur mon commentaire précédent. Je regrette vraiment de ne pas les avoir suivi. En vinyle je n'ai que "Johnny The Fox" que je n'ai jamais su apprécier et du coup ... Forcément aujourd'hui je me rattrape mais j'arrive a me tourner vers le passé en me disant que leurs disques auraient trouver une belle place à l'époque où nous écoutions la musique entre amis et amies.. Car en ce temps là je n'étais pas tenté par d'autres genres acomme aujourd'hui et du coup j'aurai plus souvent écouté.
    En résumé une frustration de non-nostalgie.

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    1. Il y a des bombes sur Johnny the Fox et, pourtant, c'est sans doute l'album du Thin Lizzy "classique" que j'ai le plus de difficulté à apprécier... ton commentaire ne me surprend donc absolument pas.
      Quand à la frustration, je la comprends mais, là, je ne peux rien pour toi ! ;-)

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