J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


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samedi 27 avril 2013

#165 : Led Zeppelin "The Ultimate Studio Sessions Vol. 1"

Allez, je l'avoue. Les éventuels lecteurs assidus de ces billets hautement subjectifs car passionnés ont pu constater que j'ai pu avoir la langue lourde et pataude vis-à-vis de Led Zeppelin, dirigeable que j'ai souvent eu l'occasion de présenter comme une baudruche dégonflée, laissant croire que je n'avais guère d'atomes crochus pour l'autre bande à l'autre Jimmy, ce qui est ma fois faux. Alors pourquoi tancer vertement des êtres aussi chéris ? Pour ne pas hurler avec les loups ? Certes, face à Plant, j'aurais plutôt l'air d'un teckel diabétique... Mais va savoir, au fond je crois qu'il s'agit tout simplement de jalousie. Dieu sait si j'ai pu rêver en les écoutant alors que j'étais encore bourgeonnant, et peut-être le fait que me voilà sur la pente douce du flétrissement programmé, façon Lucy Jordan, je me rends compte que je ne remplirai jamais ni le Madison Square Garden ni la salle des fêtes de Brie-Comte-Robert armé d'une Gibson Lespaul saignante que je ferais hurler dans la nuit en attendant que les groupies se précipitent dans ma loge.

Tenez, c'est à 47 ans que j'ai daigné essayé d'apprendre à jouer le riff de Black Dog sur mon Epiphone made in Korea branchée sur Marshall à transistor. Peut-être que je me réconcilie avec ces dinosaures sacrés autant qu'avec moi-même, allez savoir.

Alors je me rattrape et malgré l'heure tardive, en parallèle de mon apologie des Queens Of The Stone Age, je sors mon joyau de ma discothèque et m'apprête à vous le livrer en tranches. Et puisque la symbolique me porte, il doit s'agir du dernier bootleg pour lequel j'ai dégaîné le porte-monnaie - un coffret 12 CD assorti d'un anecdotique DVD - mais quel objet ! The Ultimate Studio Sessions ! Quand je vois les prix atteints par la Chose sur ebay, je me dis que finalement, moi aussi j'ai peut-être investi un jour (je suis l'heureux possesseur du coffret N°4/500). Voici donc Led Zeppelin dans l'intimité des studios, tâtonnant, déconnant parfois, aux limites de l'autosatisfaction aussi, bref, des êtres humains, non plus des monstres sacrés. Eh oui, Led Zeppelin IV n'est pas sorti de la cuisse perfide d'Aleister Crowley, c'est un disque qui a été enregistré comme le dernier Gérard Lenorman, tout pareil, mais sans Pro Tools. Incroyable, non ?

Vous me direz que j'aurais pu faire façon Keith Michards, un This Is... compilant tout cela en un modeste CD, laissant de côté les redites, les anecdotes, pour ne sortir du sac de sable que les quelques diamants qu'il recelle (car diamants il y a, que oui !). Eh ben non. Car voyez-vous, j'ai toujours eu horreur des compilations en bootleg. Ah oui ! Un pirate, savez-vous, ça se déguste, on lui lèche les os comme à un poulet, on nettoie la carcasse, on mange salement mais c'est bien comme cela qu'on l'apprécie. Bref, c'est pas du cordon bleu de chez le Père Dodu, et faut pas avoir peur des vilains morceaux, ils s'en dégage parfois un suc irrésistible qu'on ne saurait deviner autrement. Alors qu'à l'inverse, le merveilleux Keith nous met l'eau à la bouche pour des plats bien plus copieux, mais on ne parle pas de la même chose.

Bien sûr, ça peut lasser un tant soi peu, aussi distillerai-je la chose avec parcimonie. Car si vous y trouverez de l'ivresse, le coffret contient aussi son lot d'ivraie. Et je sais bien que le week-end va être pourri, mais je vous connais : 12 CD d'un coup, vous zapperiez, malotrus. Et point de pigs before swines ici, siouplait. Vous aurez droit à tout, mais petit à petit. Les Untitled Instrumental de la take 1 à la take 27, car, imaginez-vous, puisque vous ne pouviez pas vous en douter, la take 24 est justement fabuleuse. Au risque des coïts interrompus : voilà que ça balance et hop ça s'arrête. Le vieux con qui ne sommeille que trop peu en moi vous dirait que ces quelques secondes vaudraient pourtant de l'or chez certains revivalistes boutonneux que je ne nommerai pas. Ceux qui trépideraient d'impatience peuvent compulser l'excellent article ici présent, ça m'évitera de faire l'historien tout au long de cette aventure.

Alors, comme dirait mon co-locataire, enjoie !

On commence par le volume 1, donc, avec la mémorable take 1 de You Shook Me, et l'on comprend mieux en l'écoutant, que le premier album du dirigeable fut (eut pu être) enregistré en 48 heures chrono vu l'inspiration des jeunots. Même si cela relève d'avantage de la légende puisqu'ici les sessions datent de septembre et octobre 1968. Sans compter Babe Come On Home, avec ses choeurs soul à souhait, pas trop dans l'esprit corones avanti de l'album, mais qui vaut son pesant de sueur et de larmes. Et puis, justement, l'Untitled Instrumental, dont le petit jeu consiste à se demander ce qu'il aurait pu devenir, voire ce qu'il est devenu au final. Je n'en dirai pas plus, je ne déflorerai pas votre curiosité.

Allez, je vous autorise à zapper Moby Dick, on n'a plus l'âge de se fader des soli de batterie, hein. Consolez-vous plutôt sur le Sugar Mama de juin 1969, les aficionados y découvriront une rythmique du feu de Dieu qui deviendra du feu de Thor dans Immigrant Song quelques mois plus tard.

Car malheureusement, autant le dire de suite, il ne reste guère que pouic des sessions du 2ème album, puisqu'on glissera très vite, dès le prochain épisode, vers la fameuse Headley Grange et les sessions du 3ème album, qui réserveront leur lot de surprises, mais pour aujourd'hui, je vous laisse le soin d'embobiner Madame avec Babe Come On Home.

Allez, il est bien tard baby, I'm Gonna Leave You.

Tracklisting :

Olympic Studios, London, UK sept. 20 - Oct. 10, 1968

Baby I'm Gonna Leave You (take 8)
Babe I'm Gonna Leave You (take 9)
You Shook Me (take 1)
Babe Come On Home (take 1)
Babe Come On Home (take 2)
Babe Come On Home (take 3)

Olympic Studios, London, Oct. 1968

Untitled Instrumental (take 1)
Untitled Instrumental (take 2)
Untitled Instrumental (take 3)
Untitled Instrumental
Untitled Instrumental (take 4)
Untitled Instrumental
Untitled Instrumental (take 7)

Mirror Sound Studios, Los Angeles, May 1969

Moby Dick
Moby Dick

Morgan Studios, London, June 1969

Sugar Mama

6 commentaires:

  1. Ha oui, je sens que je vais enjoyer en effet!!!

    Content de te voir de retour avec de si excellentes dispositions, aussi ! ^_^

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  2. De mon côté, j'ai aussi "The Ultimate Studio Sessions" de Gérard Lenorman en 24 CD. On y découvre la genèse de "La ballade des gens heureux" qui, au début, s'appelait "Antisocial" et était un poil plus énergique. On s'aperçoit aussi que le solo de guitare du "Sympathy for the Devil" de qui-vous-savez ressemble à celui qui était prévu sur "Gentil dauphin triste" de notre Gégé national. Quant aux Beatles, honte à eux, ils ont été jusqu'à reprendre le titre de sa chanson "Michèle"... pfff ! j'suis dégoûté !!!!!
    Bon, pour Led Zep, je ne prends pas. J'aime leur œuvre telle qu'elle a déjà été éditée et les secrets de fabrication ne m'intéressent finalement pas. Je ne suis pas assez fin musicologue pour apprécier.
    Mais, je suis persuadé que cette publication va en enflammer plus d'un.

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  3. Merci pour ce monument !! L'original doit couter bonbon. Les boots de LZ doivent être aussi (plus ?) nombreux que ceux des Pierres. Un signe de notoriété d’après K. Richards.
    Syl.

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  4. Si tu savais comme je m'en Balavoine de ton dirigeable... hihihi

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  5. "Sans compter Babe Come On Home, avec ses choeurs soul à souhait" c'est cette phrase qui m'a fait pencher vers le téléchargement. Led Zep? Soul? Je veux voir!!

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  6. Merci pour le partage, je vais écouter ça en suivant. Au passage, une lettre type s'est glissés dans le dossier téléchargé (vraisemblablement à la place de la jaquette).

    Stéphane

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