J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


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jeudi 18 avril 2013

#14Z : Monster Magnet "Dopes to Infinity"

Parce qu'il n'y a pas que la galaxie Kyuss dans la vie et que cet autre précurseur mérite largement sa présence en ce blog dernièrement dévoué au culte du riff sale, voici Dopes to Infinity, troisième album des psyche/space/stoner rockers de Monster Magnet, un grand cru de 1995, leur meilleur aussi.

Je n'avais jamais entendu parler de cette bande d'affreux jojos électriques quand je les découvris, aux débutantes 90s, alors qu'ils ouvraient pour Prong, sur la petite scène de l'Espace Ornano (porte de Clignancourt, pour ceux qui s'en souviennent, une excellente petite salle). De la qualité musicale de ladite prestation, j'avoue ne guère me souvenir, de l'attitude, de la folie, de la décharge de pure énergie de la formation, oui ! Et particulièrement de celle leur Leader, Dave Wyndorf, éructant, haranguant, psychotant, se roulant par terre ou faisant des bons de cabri sous LSD... Impressionnant et forcément, à mes jeunes et influençables perceptions, particulièrement marquant.

De fait, j'obtins immédiatement (peut-être au stand merchandising, peut-être à la Fnac du coin, je ne me souviens plus) ce qu'il était alors possible d'obtenir de Monster Magnet en France. C'était en 1991 et la mane se limita au seul Spine of God (1990) qui fit, ma foi, son petit effet... Pas du niveau de la prestation, mais il faut dire que la bête était massive et d'une digestion pas si aisée...

Et puis Superjudge (en 1993) où le groupe commença à sérieusement se raffiner (à s'alléger diraient certains) tout en restant absolument fidèle à son hawkwindosabbathisme revisité à l'énergie speedé de temps qui ne l’étaient pas moins. Très bon album… Mais c'est avec Dopes to Infinity (qui, en toute logique, poursuivait la progression et même l'intensifiait) que Monster Magnet déroula son magnum opus, ce qui restera, est déjà cultement passé à la postérité (tant et si bien que le groupe refit une tournée en 2011 où ils jouaient l'intégralité d'un album vieux de 16 ans pour un public absolument ravi !).

Concrètement, Dopes to Infinity c’est 12 chansons (et une ghost track dans certaines éditions) pour une bonne heure de planeries lourdes (et non pas de lourderies planes !). Forcément, les figures tutélaires que sont Black Sabbath et Hawkwind (et un peu Blue Cheer et Sir Lord Baltimore pour bonne mesure) n’ont pas complètement disparues. Elles sont, encore et toujours, le terreau sur lequel poussent les créatures étranges que collecte le quatuor. Est-ce à force d'hybridations, de croisements, de manipulations de son génome que le groupe semble cette fois totalement lui-même ?  Ca et une créativité ascendante, une maîtrise de l'instrument studio encore supérieure (Wyndorf coproducteur, une fois encore, contrôleur de sa machine à tripper). Il n'en faut pas plus à Monster Dave et ses Aimants pour nous coller une belle paire de gifles d'un gant de velours imbibé d'éther.  L'ajout de claviers antédiluviens n'est pas tout à fait sans importance aussi. les orgues et mellotrons texturent particulièrement efficacement l'entreprise... Diantre, on y retrouve même quelques volutes de theremin... Old school, quoi ! Et c'est exactement ce qu'il fallait à cette collection de... chansons ? Oui, Monster Magnet est cette fois plus compositionnellement ramassé, plus cohérent, c'est le bénéfice de sessions plus tenues... Donc de chansons !

Dès le départ on prend le morceau titre en pleine face, un machin plein de fuzz, de distorsion, classique de Monster Magnet sauf que la sauce est plus fine, la mise en son plus précise et précieuse et qu'une impression de facilité mélodique se fait jour pour le bénéfice plein et entier de l'auditeur. Un début en fanfare, quoi !... Que la suite ne vient jamais démentir même quand l'approche se "mainstreamise" un poil comme sur un Look to Your Orb for the Warning (utilisé dans une version raccourcie dans la BO du premier Matrix) où Monster Magnet tâterait presque de la pop s'il n'y avaient ces guitares un peu plus lourdes, cette ambiance un peu plus psychédélique et, bien sûr, la voix habitée d'un Wyndorf au meilleur de sa forme.  Le reste des titres continue d'alterner humeur presque câline et décharges colériques bien senties. Dans la première catégorie, on soulignera l'impeccable efficacité d'un All Friends and Kingdom Come tout psyché dehors, de son pendant de la seconde partie de l'opus, l'étrangement titré Dead Christmas ou d'un Blow 'Em Off folkocompatible du plus bel effet quand Ego the Living Planet, le monumental Third Alternative ou le bref et puissant I Control I Fly expriment au mieux les capacités d'agressions stoner de la bande.

Au bout d'un heure de ce traitement alternatif et ô combien réussi, on ressort forcément un peu rincé mais définitivement heureux. Heureux d'avoir été passé à la moulinette sonique et trippante d'une formation capable de souffler le chaud comme le froid, d'exprimer la retenue aussi bien que l'emportement. Une formation qui a tout à fait digéré ses recommandables influences et, du coup, transcendé sa propre identité.

En un mot comme en mille : énoooorme !


1. Dopes to Infinity 5:43
2. Negasonic Teenage Warhead 4:28
3. Look to Your Orb for the Warning 6:32
4. All Friends and Kingdom Come 5:38
5. Ego, the Living Planet 5:07
6. Blow 'em Off 3:51
7. Third Alternative 8:33
8. I Control, I Fly 3:18
9. King of Mars 4:33
10. Dead Christmas 3:54
11. Theme from 'Masterburner' 5:06
12. Vertigo 5:38
13. Untitled (hidden song) 3:32


Joe Calandra: guitar, bass, background vocals
Jon Kleiman: percussion, drums, bass, background vocals
Ed Mundell: bass, guitar, background vocals
Dave Wyndorf: organ, bass, guitar, percussion, theremin, vocals, bells, producer, mellotron


Dopes! Dopes! Dopes! What else?


(un grand merci à tous ceux qui commentent !)

7 commentaires:

  1. Ah quand même, le nom de Hawkwind est évoqué ! J'avais la flemme de poster le Space Ritual, mais ce n'est que partie remise !

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    1. Si tu fais Space Ritual, je te propose de doubler le post avec Canterbury Fayre, un live nettement plus récent mais quasiment du niveau de Space Ritual (ce qui n'est pas peu dire !).

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  2. Une semaine du Stoner sans Monster Magnet, n'aurait pas était une vraie semaine du Stoner !!!!!
    Encore un incontournable du genre.
    Les petits veinards qui se seront approvisionnés ces derniers jours ont eu accès le nec plus ultra.
    Si vous aimez ce disque, je recommande aussi "Monolithic Baby" et "Mastermind".
    Thanxxx Doctor Z.

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    1. J'aurais plus tendance à recommander Spine of God et Superjudge.... Le premier est particulièrement cru et sauvage ! Ceci dit, tout Monster Magnet mérite le détour.

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    2. Les derniers tendent un peu vers un Metal plus "classique"

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  3. et la reprise de "2000 light years from Home" des Stones sur l'album Way Diablo elle sent le camembert ?
    Pamela Tenfépa

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    1. Je l'avoue (même pas honte !) je ne connais pas l'album et donc pas la reprise...

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