Le voili le voilou, celui de 1975, éponyme, dans lequel figurent Y'a Une Route et surtout SON tube, Il Voyage En Solitaire... J'avoue me l'être gardé sous le coude, j'en ai deux exemplaires : un qui crachote et que j'écoute, l'autre, quasi-neuf, à qui j'avais promis, un jour, un transfert en numérique, gardé religieusement intact dans ma discothèque jusqu'à aujourd'hui donc...
Aujourd'hui... Je reviens d'un week-end de trois jours avec des amis immenses, vous savez, vous les connaissez, ceux qui vous lâchent pas malgré plus de vingt ans de déboires, de bringues, de silences, de gamins et d'éloignement... Autant dire que le retour à la maison s'est traduit par de l'émotion à son comble...
Attends que le temps te vide... eh ben voilà, parfait, on y est. Quarante-six balais, retrouvailles arrosées et malgré tout nostalgiques, en demi-teintes et dans les non-dits... Et je me revois écouter la cassette de l'album, là, quand j'avais vingt ans, le walkman rivé sur les oreilles... Y'a une route, tu la prends qu'est-ce que ça coûte ?!!!
Ca.
Moi.
Aujourd'hui.
Du bon, du mauvais, mais bien lancé sur ma route, y'a de moins en moins de crossroads, même le diable ne semble plus s'intéresser à mon âme, bien trop formatée... Je le savais, en rentrant, qu'Il Voyage En Solitaire résonnerait gravement. Je le savais, que réécouter On Sait Que Tu Vas Vite me ramènerait le souvenir de Daniel, crashé il y a bien longtemps parce que voilà, demande du fric à ton vieux et tire-toi d'ici, c'est pas toujours comme ça que ça fonctionne... Un Homme Etrange... je me la prends toujours en pleine face, celle-là. Comment voulez-vous que sa chemise lui aille ? On a jamais tapé plus juste.
Album du voyage, des risques du voyage, surtout. De la voie tracée, des rails bien balisés comme de la vitesse et de la conne fulgurance de la jeunesse... Et Manset qui en revient, sur la pochette. Qui arrive à la gare, hésitant entre deux voies... et faisant à moitié la gueule au verso dans son petit bureau...
Sors de ta coquille... comme un chien dans un jeu de quilles... Oublie d'où tu viens...
Mais n'oublie pas que le temps te change.
Un album incroyable, donc, un de plus, un des plus beaux, jamais guitares acoustiques n'ont aussi bien sonné chez Manset, jamais les arrangements n'ont aussi bien collé à ses textes (la fin façon "enterrement à la Nouvelle Orléans" de On Sait Que Tu Vas Vite, mémorable...). Je l'ai retouché au strict minima, car il n'y a rien à redire, ici. Enfin, si, on pourrait gloser sur ces bandes à l'envers par ci par là, mais Manset ici joue avec le temps, de façon parfois un peu trop manichéenne, mais qu'importe, hein. Juste, une fois de plus, ne pas comprendre cette réédition CD dégoûtante, dans laquelle le merveilleux Rouge-Gorge de Rien A Raconter, fort à propos sur cet album, remplace Un Homme Etrange, essentiel ici. A n'y rien comprendre. Mais bon, encore une fois, il le dit lui-même :
N'oublie pas que le temps te changera.
Suffit de le savoir, pour passer un bon week-end à 46 ans avec des amis d'il y a vingt ans.
Merci Jeepee
RépondreSupprimerQue la route te soit favorable
capitao
Manset 75.... minot, j'ai mis qq temps avant de comprendre que ce n'était pas une compile..y'avait que ce disque là au début, que je piquais chez les autres..avant que je me procure mon premier Manset "Royaume de Siam". Mais il sonne vraiment comme une compile cet opus incontournable. Pis quelle pochette !!!
RépondreSupprimerDire qu'il est devenu le roi de la compile !!
merci pour ce récapitulatif complet et vivant.
Il faut le faire... Voici une chronique qui fera maintenant corps avec mon écoute de cet album. Tu viens de lui donner un sens que je n'avais pas.
RépondreSupprimerJe me souviens de cette nouvelle de Carver: Tout ce que je demandais c'est un toit, des amours et un coin pour recevoir mes amis. je ne le savais pas, mais c'était déjà trop demander....
Merci
Merci pour le vinyl, la route, et qu'elle soit bonne.
RépondreSupprimerj'allais pas forcément poster un commentaire sur chacun des albums de Manset que je vais enfin découvrir sous leur forme originelle grâce à toi (après des années de zapping très incomplet entre quelques rares vinyls et CDs-patchwork tous plus mal foutus les uns que les autres...) mais il me paraissait indispensable, outre mes remerciements pour ton oeuvre de conservation et de partage (je te remets volontiers le trophée Alan Lomax de cette semaine...) de t'envoyer le salut fraternel d'un autre 46antenaire : ravi de t'avoir providentiellement rencontré au bord de cette (auto)route, fut-elle digitale et je te souhaite encore quelques "crossroads" au cours de voyages qui restent à faire; même si à la fin on s'aperçoit que c'est le voyage qui nous a fait.
RépondreSupprimerHenri
Le lien est mort, dommage !
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