J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


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dimanche 7 février 2016

#172 : Marty Robbins "Gunfighter Ballads And Trail Songs"

Là, les mecs (aux fourneaux, Laura Ingalls, t'as rien à faire là), c'est du lourd. Le genre de disque, que quand il est sorti en vinyle, il sentait bon le mazout texan qui dégoulinait sur la pochette. Je ne vous parle pas de cette fiotte de Willie Nelson, ni de ce faiseur de Johnny Cash, et ne me parlez même pas de Waylon Jennings. Que des foutre-mou même pas patriotes, juste bon à pervertir la belle jeunesse et la détourner de la paroisse. Te les passerait tous à la chaise, moi. Dans le Kentucky, on fait du fric en faisant frire des poulets, alors y'a pas de raison.

Là, messieurs, je vous parle du Gendre Parfait d'une Amérique Parfaitement Rêvée, épurée grâce à des héros comme lui de tous les vilains outlaws (ne parlons même pas des indiens, pourquoi pas évoquer la dératisation de Chicago, tant qu'on y est). Marty Robbins était beau, chantait comme le bon Dieu et faisait plaisir à voir, tout déguisé en Zorro prêt à dégainer son colt sur la jolie pochette rouge de Gunfighter Ballads And Trail Songs.

Et attention, ici, on dégaine la mandoline et les violons, pas de la guitare électrique, là, pas de machin diabolique. On imagine, Seigneur, la belle communion, de mémé au petit dernier, à se pâmer ensemble à l'écoute de cette histoire révisionniste des Etats-Unis.

En gros, imaginez qu'on ait arriver à nous faire croire que la Mère Denis était une chanteuse réaliste qui fourguait de la coke à l'ORTF et discutait Schopenhauer avec Françoise Sagan ou que Hugues Aufray ait un jour réussi à passer tout seul l'enchaînement lam/mim de Céline sans musicien de studio. Voyez le genre : le truc, on vous la fait pas. Même Léon Zitrone il aurait pas osé.

Ben Marty il vous la fait. Il chante glorieusement un glorieux pays fait de glorieuses personnes oeuvrant pour la gloire. Ce mec, il serait encore là, il te chanterait Big Iron sur Al-Jaazira et on entendrait plus parler de Daech, tellement ils feraient dans leur froc, les bâtards. Il te reconstruirait les Twin Towers rien qu'en pissant sur Ground Zero.

Alors quand tout va mal, plutôt que de vous remettre le Velvet pour vous aider à appuyer sur la détente, un petit Marty Robbins, et hop, ça repart. Un concentré d'épinards rednecks, ce gars-là. Même chez Monsanto ils arrivent pas à en faire pousser d'aussi beaux. Un symbole de réussite : chanteur, acteur, et même pilote automobile. Et aucun duo avec Dalida, en plus. De la bonne graine, ça, monsieur.

Et si vous tombez sur un de ces frimeurs du type j'aime pas la country, mais Johnny Cash j'adore, vous lui passez le disque. Vous lui mettez d'abord un coup de Santiags dans les roubignolles. Tu fermes ta gueule minable (ou "journaliste des inrocks à la noix", au choix), tu écoute et tu finis ton Southern Comfort. Et tu écrases ta putain de clope mentholée, petite merde.

Et dites-vous bien que si ces anarchistes du Grateful Dead n'ont jamais fini au trou, c'est bien parce qu'ils reprenaient El Paso, de temps en temps et que ça faisait plaisir au directeur de la CIA. Hippies peut-être, mais respectueux, Monsieur.

Alors maintenant s'il vous plait, on arrête de gloser, on se fait un ou deux petits versets, on met le disque et on apprend à chanter comme le Monsieur. A-wooouuuuh....

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C'est bon, Laura Ingalls, tu peux revenir, on a fini de discuter entre hommes. J'espère que t'as réussi la tarte au potiron.

Big Iron



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