- Tu veux un camembert ?
On dirait le début d'un polar. Un Hercule poireaute place Denfert-Rechereau attendant son contact périgourdin pour une sombre affaire de vaches folles transantlantiques.
- Tu veux un camembert ?
Retenez bien ce mot de passe. La réponse est simple, quoique qu'anglophone - et quelle beauté que la mondialisation : You can't kill me.
You can kill my family [...]
You can kill my body
But you can't kill me.
Fuck you Daech, le cancer, la vieillesse, You can kill my body but YOU CAN'T KILL ME.
Et n'en déplaise à Jimmy, c'est bien grâce à l'incompétence des douanes britanniques qu'un beau jour de 1970 David Aellen est resté bloqué en Phrance. Laissant ainsi pataphysicier ses collègues rosbeef, L'animal, ce ne fut guère difficile, trouva des acolytes sur les terres de Voltaire. Même si la culture de l'infusion - fut-elle à base de pharmacopées divertissantes - y était moins prégnante que l'ingestion goulue d'alchimistes transformations fromagères.
Et de fait, plutôt que d'y moisir, ils fermentèrent. Je ne vous ferai pas un cours d'agro-alimentaire, mais la nuance est de taille. Sur les terres de Guillaume, on trancende le lait de vache en purs produits sinon aphrodisiaques du moins tout aussi lysergiques que le LSD, surtout après un boeuf bourguignon et avec un petit verre de vin rouge. Tu veux un camembert ? Attention, celui-ci est électrique. Et un camembert, messieurs-dames, cela ne se broute ni ne se fume, contrairement aux variétés diverses de chanvre que l'on consomme soflty dans les milieux confinés de l'underground outre-manche de l'époque. Oui, messieurs-dames, un camembert ça se mange à pleines dents (quand bien même on en a plus), ça se rote, ça se pète, ça dérange, ça pue, en bref, en un mot comme en cent, ça existe et ça dérange.
Trois ans après que notre beau peuple gaulois initié eut loisir de rire sous cape en conservant cet odorant trésor, il fut proposé aux britons pour la modique somme d'un single. Evidemment, sans grand effet, car la flatulence se cultive et s'embellit par chaque jour consacré. Il n'était pas question ici d'approcher les limites - close to the edge down by the riveeeeeeeer - ni de faire briller des diamants fous. Juste de capitaliser dans une fermentation lactique la légendaire hospitalité française envers le jazz de tous horizons, avec la bénédction idiote de label managers même pas capable de s'interroger sur l'absence de love, peopele, universe, dans des textes qu'ils ne comprenaient pas. Combien de camemberts électriques servirent de freesbees à nos cousins, à l'instar du double album de Faust qui égaya les jeune années de Johnny Rotten ?
L'histoire dit qu'il faut imaginer Sisyphe heureux. Alors il faut imaginer ces noires galettes voler au-dessus des white cliffs of Dover, avec l'indifférence des mouettes comme seuls amis dans la tempête. De l'autre côté de la mer, les camemberts continuaient leur progression comme essentiel artefact du paradis sur terre. Bloody Hell, le mildiou a privé les anglais du pinard, et en plus l'électricité laitière restait bien planquée dans l'étable tiède des zazous franc-comptois.
- Tu veux un camembert ?
Ce bon vieux Syd Barrett aurait bien été inspiré d'en sniffer un. Ca nous aurait évité The Wall, et peut-être même les gâteries de Gilmour sur le jingle de la SNCF.
Alors que la race laitière normande, à l'heure où je vous parle, contribue peut-être davantage que ses comparses néo-zéanlaises à la desctruction de la couche d'ozone par leurs flatulences polygastriques, elles nous procurent encore et toujours bien mieux et bien plus que l'uranium enrichi qui fait tant défaut à la Corée du Nord : un simple google search vous montrera que la laiterie d'Isigny-Sainte-Mère se porte comme un charme. Le camembert, malgré son lait cru qui le rend aux yeux des américains aussi offensif que du polonium enrichi par Vladimir Poutine, se porte bien.
Tout comme ce putain de foutu d'enculé de disque, comme on dit, dans le Pays d'Auge, quand après le repas on part uriner sur les champignons qui envahissent la prairie avant que d'envahir l'esprit. Car, même après le camembert, il faut savoir garder une petite place pour la suite du repas.
Alors que Saint-Pierre a fort à faire entre un David Bowie fraichement débarqué avec ses avocats, réclamant que Dieu se pose à sa droite, que Paul Kantner a raté l'entrée et continue à discuter avec les lapins du purgatoires, David Aellen est arrivé discrètement. Je viens de la Planète Gong - OK, prend la porte à droite, prends un bout de fromage.
Mais n'empêche que lorsque David Bowie proposera avec insistance un remix de Let's Dance avec 12% de royalties versées sur son compte en Suisse pour toute arrivée au purgatoire, Saint-Pierre, peut-être, cherchera un farfelu moins onéreux pour dé-stresser les nouveaux arrivants. et AEllen, sur une base de donnée, ça apparaît avant ZAPpa. Cool. Quant aux 72 vierges du voisin d'en face, désolé les copains, ça fait belle lurette qu'elles se la mettent au Pont-L'Evêque.
Si je devais réformer l'Eglise Catholique, plutôt que "prenez, ceci est mon corps" j'opterais pour "tu veux un camembert ?". Et sur la place Saint-Pierre, une seule voix, un million d'âmes, me répondrait You Can't Kill Me ! Et mes flatulences seraient bénies par les membres de la COP21.
Si je devais simplement écouter un disque, et aller pisser au clair de lune dans une prairie normande, un soir de beuverie comme j'en rêve, je crois que ce camembert serait forcément électrique.
You can't kill me
Grandiose… Michel Audiard sort de ce corps !!!!!
RépondreSupprimerPas trop fait pour moi, le camembert !
Je déteste tous les fromages et le camembert en particulier, rien que le nom me donne envie de régurgiter, mais celui-ci c'est une autre affaire.
RépondreSupprimerJ'aime bien les fromages, mais celui-là, il traine sur mon disque dur depuis des mois... Pour l'instant ça va, il embaume pas trop le voisinage, mais j'ai peur... Très peur... Je pense qu'il est mur (ou que je suis mûre pour l'affronter). Je ne sais pas pourquoi mais je mets Magma et Gong dans le même sac et aucun des deux n'en sort jamais...
RépondreSupprimer