Il faisait un temps superbe cet après-midi. Je roulais tranquillement, toutes vitres ouvertes, sur une route des Caraïbes, savourant ma Lucky Strike autant que le bleu du ciel, quand de l'auto-radio surgit Me And Bobby McGee dans la version du Grateful Dead (saviez-vous que je n'écoute plus que ça ?), et pendant 4'52 j'ai été je crois à deux doigts de toucher le nirvana - ce qui est assez rare en soit en ce moment pour mériter d'être souligné.
Il m'a pris un temps l'idée saugrenue d'en faire une reprise, et puis, me suis-je dit, personne à part le Grateful Dead et Janis Joplin n'auraient-ils eu l'idée de reprendre la rengaine de Kris Kristofferson ?
Diantre, bien sûr que oui. J'ai commencé par écouter celle de Johnny, dont je connaissais l'existence, et après avoir trié parmi les trois zilliards de versions par Kris Kristofferson (avec Willie Nelson, avec Sheryl Crow, avec sa tante, avec son chien, sous la douche...) je me suis pris au jeu. Dieu, j'ai ri, parfois, pleuré (d'agacement ou de bonheur), dansé, dormi, tout ça en écoutant le fleuron de la scène internationale s'attaquer à ce(tte) pauvre Bobby. Mes préférences, autant vous le dire tout de suite et tout de go, vont directement et défintivement à Wiggerl, mein Freund, der singt es so schön in Deutsch. Danke, Wiggerl.
Car, damned, l'exercice est difficile. Après ses débuts sous lexomil par Kris Kristofferson à l'île de Wight, après la version définitive de Janis Joplin, après les premiers succès, Roger Miller étant paraît-il le premier à assurer sa retraite avec la-dite chanson, comment donc reprendre la chose sans sombrer dans le ridicule ? Le ridicule de la redite, le ridicule car l'âme de Janis te voit de là-haut, petit scarabée...
Tout ce petit monde semble se diviser en deux clans : les proto-country et les proto-Janis. Mais le plus émouvant, c'est lorsque nos talents français, nos voisins italiens ou allemands viennent eux aussi nous raconter cette belle histoire.
N'en déplaise à Bowie, ce n'est pas Ziggy Stardust qui définira l'ambiguité sexuelle dans le rock'n'roll, mais bien Bobby McGee, qui sans changer de nom changera de sexe selon l'interprète. Et de statut parfois, notre ami Johnny qui - c'est bien connu - fréquente les plus grands avec un aplomb superbe, en fera même son pote - tu vois, le vrai, celui qui te donne sa dernière clope - et on peut le comprendre. Etre pote avec Bobby McGee, c'est une rente à vie garantie. Sauf pour cette pauvre Janis Joplin qui n'y vit qu'une ultime tentative de draguer Kris Kristofferson, dont elle était transie, l'autre n'en ayant évidemment rien à battre. Homme ou femme, qui pourra trancher ? Dans le doute et étant donné mon civisme légendaire, ma modeste compilation respecte dignement la parité.
Sauf que toutes et tous n'y sont pas arrivé(e)s non plus, à draguer Bobby McGee. Il faudra l'astuce d'une rythmique tchaka-poum très 38 tonnes à Kenny Rodgers pour refaire sa piscine, alors que le côté cocker neurasthénique suffira à garantir à Gordon Lightfoot une pré-retraite heureuse. Et tout ce joli monde y va de sa tentative - qui se la jouant sévèrement burné (Jerry Lee Lewis entre autre) et qui se la jouant - outre les teckels déprimés déjà cités - femme fatale abattue (Nana Mouskouri, mais oui ! tout comme cette vieille autruche de Joan Baez). Et dans le genre burné, les gonzesses semblent sous stéroïdes : va savoir de qui - entre Olivia Newton-John ou Dolly Parton - est la plus teigneuse. Elles cherchent le routier, les roublardes.
Notre Eddy national, lui, se la joue vieux chien abattu, suivant les Eééétoiles et la liberté. Comme notre boys band national, cette bande de hippies qu'étaient Les Compagnons de la Chanson.
Allez, je vous laisse avec ce joli monde, entendant déjà hurler ceux qui chercheront en vain Johnny Cash (pas terrible, même pas drôle et recalé) ou Sheryl Crow (bouffeuse à tous les rateliers). Ils ne font pas partie de mon bestiaire, et puis 22 reprises plus un bonus, vous admettrez que ça nous fait déjà une longue route jusqu'à Salinas où la légendaire Bobby disparut...
Busted flat in Baton Rouge, headin' for the trains
Feelin' nearly faded as my jeans
Bobby thumbed a diesel down just before it rained
Took us all the way to New Orleans
Took my harpoon out of my dirty red bandana
And was blowin' sad while Bobby sang the blues
With them windshield wipers slappin' time and
Bobby clappin' hands we finally sang up every song
That driver knew
Freedom's just another word for nothin' left to lose
And nothin' ain't worth nothin' but it's free
Feelin' good was easy, Lord, when Bobby sang the blues
And buddy, that was good enough for me
Good enough for me and my Bobby McGee.
From the coalmines of Kentucky to the California sun
Bobby shared the secrets of my soul
Standin' right beside me through everythin' I done
And every night she kept me from the cold
Then somewhere near Salinas, Lord, I let her slip away
She was lookin' for the home I hope she'll find
Well I'd trade all my tomorrows for a single yesterday
Holdin' Bobby's body close to mine
Freedom's just another word for nothin' left to lose
And nothin' left was all she left to me
Feelin' good was easy, Lord, when Bobby sang the blues
And buddy, that was good enough for me
Good enough for me and Bobby McGee
Un grand merci à : Kris Kristofferson, Janis Joplin, Roger Miller, Anne Murray, Gordon Lightfoot, Thelma Houston, Bill Haley & The Comets, Gianni Nannini, The Grateful Dead, Nana Mouskouri, Jerry Lee Lewis, Pink, Les Compagnons De La Chanson, Olivia Newton-John, Wiggerl von The Flying Stars, Dolly Parton, Melissa Etheridge, Kenny Rodgers, Joan Baez, Johnny Hallyday et Crystal Bowersox.
Jeepeedee & Bobby McGee
Good shoot! Mais je détiens toujours le record avec mes 50 versions de "Venus in furs"!!!
RépondreSupprimerMerci Jimmy. Le problème avec Bobby McGee c'est qu'au bout de la 20ème reprise, tu tournes en rond entre Kris Kristofferson (avec tout le monde possible) et la scène country de Nashville. Donc bof... Ca doit être plus balèze d'en faire quelque chose de différent que Venus In Furs, le Velvet se prêtant bien davantage à tous les délires possibles, et c'est tout à leur honneur...
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