J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


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vendredi 15 février 2013

#1Z : Muddy Waters "After the Rain"

Janvier 1969.
 
Alors qu’il s’était retrouvé noyé, 10 mois plus tôt, dans l’opportuniste tentative de rajeunissement de son blues séminal sur le pathétique Electric Mud (de sinistre mémoire), c’est ici un Muddy Waters à l’aise comme un bon gros catfish dans son marécageux bayou que nous avons le plaisir de retrouver.

De l’exercice de style raté de son prédécesseur, un des nombreux exemples du légendaire label Chess tentant de relancer, avec des bonheurs disparates, la carrière de leurs proéminents bluesmen (le Howlin’ Wolf album, par exemple, dans une formule similaire, est une tuerie toujours fortement recommandée), After the Rain retient une mise en forme plus moderne cette fois-ci à la main (et à  la gorge) du maître, une évolution naturelle, en somme, d’un blues toujours sévèrement rooté dans le meilleur du chicagoan sound.

C’est donc à un electric blues un poil psyché-jammant auquel nous avons ici affaire. Le line-up réuni pour l’occasion est une subtile alliance des blancs-becs ayant dominé le précédent opus et de blackboys partageant les racines du MC (Otis Spann au piano, tout de même !). Une subtile alliance qui, en l’occurrence, fonctionne à plein rendement sur les compositions majoritairement créditées Morganfield (le vrai nom de MW), choisies avec goût et intelligence pour parfaitement se glisser dans le fourreau d’arrangements marqués. Et puis, petit évènement puisqu’on n’y avait plus eu droit depuis quelques années, l’album marque le retour (en fanfare !) de Muddy Waters guitariste électrique soliste sur la moitié des titres, et le moins que l’on puisse dire c’est que le bougre en impose à ses blancs voisins de bande ne déviant pourtant pas d’un iota de ses habitudes stylistiques… C’est d’ailleurs peut-être pour ça qu’il en impose tant, en vieux matou agile sur sa gouttière mille fois arpentée.

After the Rain est-il un indispensable ? Un album de blues si définitif qu’on le conseillerait les yeux fermés (mais les oreilles grandes ouvertes) ? Peut-être pas tout à fait. Mais quand il s’agit de jauger les écarts d’un Grand de son habituel pré carré, icelui se défend particulièrement bien et nous accompagne, un petit peu moins de quarante minutes durant, dans un bel exercice d’actualisation aujourd’hui un poil suranné, le blues ayant subit de nombreux assauts plus ou moins respectueux depuis, mais définitivement gouteux et franchement recommandé.

1. I Am the Blues 4:36
2. Ramblin' Mind 4:44
3. Rollin' and Tumblin' 4:47
4. Bottom of the Sea 5:21
5. Honey Bee 4:14
6. Blues and Trouble 4:20
7. Hurtin' Soul 4:35
8. Screamin' and Cryin' 4:59

- Muddy Waters: chant, guitare solo (3, 5, 6 & 8)
- Phil Upchurch, Pete Cosey: guitare
- Morris Jennings: batterie
- Otis Spann: piano
- Louis Satterfield: basse
- Charles Stepney: orgue
- Paul Oscher: harmonica

Plongez dans les Eaux Boueuses !

11 commentaires:

  1. .. sans oublier le médiator qu'il tient à la main.
    Marrante la pochette, gentiment dérangeante.

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    1. Voir ci-dessous. ;-)

      Tu l'as écouté, Antoine ?

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    2. Je ne l avais pas pris mais si tu insistes, je tente, je vais le coincer derrière un ELP, ha ha,véridique

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  2. Wow wow wow, pas du Zorn mais du grandiose quand même. On en ressort crado peut-être mais les oreilles rafraîchies.
    La pochette dérangeante ? Peut-être, mais très belle.

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    1. Crado et frais, ça colle bien ! ^_^
      J'aime aussi beaucoup la pochette.

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  3. Dis donc, jamais vu cette pièce chez les disquaires !!! 69 en plus... merci je prends illico

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    1. Et pour cause ! Jusqu'à la réédition de l'album en 2011, il était absent des bacs depuis une petite éternité. Il faut dire que c'est la période maudite de Muddy Waters (et de Chess) avec Electric Mud que j'évoque dans mon billet et un autre (dont le titre m'échappe, à l'instant) tout en cuivres (à la BB King) qui ne colle pas vraiment au ton de Muddy. Il va sans dire que celui-ci est le meilleur du lot et même un excellent album de Waters tout court.
      Enjoie !

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    2. C'est clair..j'ai regardé un peu.. c'est vraiment une perle, une histoire, un grand moment musical..pour le coup, je garde précieusement et le sors pour le Djack ce soir.

      Merci beaucoup.

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  4. Yo, ça m'a l'air pas mal du tout ça ! Merci cher colocataire d'avoir réveillé le blog !

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  5. Pas de problème pour frissonner à l'écoute d'un monument. Il em fait la même impression que lorsque j'écoute BB King. IMPOSANT.

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  6. oulala pièce rarissime, je prend direct, merci!
    Moi aussi je suis un passionné de zik passe voir mon blog à l'occaz http://cdansheitan.blogspot.fr/
    Hip-Hop and Soul for life
    C.DAN

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