Non non les gars, ne m'enterrez pas trop vite. Je sais, je sais. Je vous avais déjà alerté au sujet de cet album. Je sais aussi que Mister Moods dans sa défunte antre du dragon en avait déjà disséqué la substantifique moëlle.
Je sais tout ça.
Je sais que, si l'on en croit Mister Moods, le précédent album de Madness était mieux. Et je veux bien le croire, sauf que je suis passé à côté et donc tant pis pour moi.
Et en ce vendredi soir, je vais tenter de vous convaincre que cet album est phénoménal. Ou pas. Je m'en fiche, il me fiche simplement des frissons partout, ça n'arrête pas.
Tenez, la pochette. Humble écriture d'écolier soigneusement barrée, sensée évoquer les titres possibles de l'album. Jusqu'à plonger dans le dadaïsme, laisser les concepts foireux dans la cuisine, Et Basta. Pas vrai, mec ?
Et puis, la musique. Cela fait six ans que je maudis cette couverture de Rock'n'Folk : Rolling Stones : le Rock à 40 Ans. Vous vous rappelez, la tournée de 1981, tout ça ? OK, pas la meilleure. On s'en fout. Je me suis retrouvé la semaine dernière à gratouiller ma guitare chez des potes, une teuf monstrueuse, mais un sentiment d'être si vieux, si vieux... Radiohead en fin de soirée, les filles qui grimpent au mur et moi "c'est qui ce groupe ?". Enfin, ces choses qui vous rendent triste. On pose la guitare, on la range dans son fly-case, on rentre chez soi, et on se demande si l'on ne va pas s'inscrire au PS ou à l'UMP, parce que ces choses ne sont plus de votre âge. Parce qu'on attend de vous une certaine tenue, un certain regard concupiscent sur la jeunesse qui a la gentillesse d'accepter vos grimaces. Tu veux un conseil mon petit ? Alors je serais toi, etc. etc. L'horreur sidérale à l'état brut.
Je suis, j'étais un zombie depuis la semaine dernière. Aujourd'hui, à Super U, j'ai vu le CD du dernier Madness. Je l'ai acheté, coincé entre une salade et un paquet de Michoko (on a ses petits plaisirs quand on n'a rien de prévu le week-end...). Je vous l'avais vanté rapidement, ce Never Knew Your Name. Je le refais. Avec, cette fois, non plus comme seule idée que c'est une bonne chanson, mais en plus, une bonne chanson écrite par des gars plus vieux que moi qui ont dû vivre ce que j'ai vécu la semaine dernière, copié/collé ou presque. Elle m'avait fait pleurer la première fois, ce soir elle me donne la pêche. Madness rules forever dans mon coeur.
Oh, il a raison Mister Moods, pas de quoi fouetter un chat. Rien dans ce disque ne respire ni l'innovation, ni la prouesse technique, ni même l'idée de génie (à part Never Knew Your Name, et encore, mauvaise langue que je suis, Cake aurait pu l'inventer il y a dix ans). Si je poussais plus loin, je dirais même que ce disque aurait pu être fabriqué - enfin, photocopié - par n'importe quel petit jeune féru de MAO, avec un sampler bien garni, quelques boucles de batterie, et un ou deux ans de leçons de piano histoire d'envoyer tout ça. Ce disque n'apporte rien, mais il nous rappelle tout. Tout ce qu'il y a de bien.
Cette basse bien ronde, ce son bien ample, idéal, calibré chaîne stéréo et ipod même combat. Ces mélodies qui ne vont pas chercher midi à quatorze heures, mais cet accent cockney qui sublime tout ça. Facilement. Simplement. On sait faire, encore, chez les plus de quarante ans, on est pas ridicules. On est plus ridicules. Elle est peut-être là, la leçon. Me donne envie de re-brancher l'ampli, de re-maquetter, encore et toujours. C'est énorme.
C'est énorme car voilà un parfait petit album de supermarché pour un vieux con comme moi. Content d'avoir consommé, sitôt pété dans l'autoradio que j'en oublie la salade, la vinaigrette et autres choses indispensables qui m'ont conduit chez Super U plutôt que de m'allumer direct une mousse avec un bon vieux Cramps très très fort dans les écoutilles. Je suis devenu gentil, avec l'âge. Enfin, un peu.
C'est énorme parce que voilà un disque, pas de jeunes, qui n'essaie pas - au mieux - de sonner comme les Stooges parce que les jeunes en questions viendraient de les découvrir, et qui n'essaie pas de sonner comme un disque - au pire - des Stooges parce que ces petits cons semblent persuadés qu'ils vont vous les faire découvrir.
C'est énorme parce que personne ne m'avait parlé ainsi. L'histoire de Never Knew Your Name, visiblement, je ne suis pas le seul à la vivre pas plus tard que la semaine dernière. Arrêtez de vous marrer, vous non plus, si ?
Sacrés Anglais. N'ont aucun goût, mangent n'importe quoi, mais ils ont une faculté à rechercher la beauté qui dépasse tout entendement. Et des centaines d'années de guerre vont dans mon sens. Sauf qu'ils n'ont jamais réussi à nous piquer la Joconde, ni la recette du boeuf bourguignon, mais que là, depuis la naissance du rock'n'roll, la salve semble décisive. Alors qu'ils rendraient leurs banlieues et leurs mornes week-ends presque romantiques (Never Knew Your Name, encore), nos vaillants chanteurs à texte d'une Côte d'Azur douce à souhait n'ont trop souvent que chanté les merveilles glauques de Memphis Tennessee. Désolé, Dick Rivers. Désolé, les autres. Je n'ai comme contre-exemple que le Jean-Loius Murat aux belles dents nous chantant son Saint-Nectaire natal sous fond de pseudo Crazy Horse tout en chialant comme s'il s'agissait d'un vulgaire Babibel. Et Gotainer nous vantant la Belle des Champs. J'aime mieux Gotainer. Et le fromage que je mange ne regarde personne, au final. J'aurais même tendance à le goûter avec des crackers, façon Wallace & Gromit, quand je l'entends, le Jean-Louis. Il n'a jamais dû la vivre, cette histoire (Never Knew Your Name, genre). Pepsodent à tous les étages dans les clubs de Clermont-Ferrand...
J'ai la flemme de mettre un lien. Vous l'avez déjà, non ? Au pire on verra. J'ai le blues ce soir.
PS : je recherche ce morceau de Radiohead qui commence comme une ballade et qui ensuite vire un peu heavy metal, c'est un vague souvenir, quelqu'un peut m'aider ? Merci pour le vieux con, tout tourneboulé.
Never Knew Your Name...
Le blues, ce soir ? Une ch'tite compile de Dead Metal devrait te requinquer grâââââve !!!!!
RépondreSupprimerFais gaffe à ta pile quand même !!!
C'était dans la Caverne d'Ali Baba, au fait... ;-)
RépondreSupprimerZorny, tu m'envoies un mail histoire que j'aie le tien et que je puisse t'inviter sur mon blog ? jpdevin chez gmail point com.
SupprimerC'est parti ! ^_^
SupprimerSalut
RépondreSupprimerPour le Radiohead essaye "Paranoid android"
Fil
Merci Fil.
SupprimerDu coup, Paranoid Android devient la chanson qui me tourneboulera pendant des mois...
Tu peux pas savoir comme je te comprend, j'ai 55 balais et je joue de la guitare depuis ........... ben ça va faire 38 ans - QUOI ? c'est pas possible, à 38 ans on est déjà vieux pour prétendre jouer du rock (dans le sens le plus large, bien sur).
RépondreSupprimerje te rassure, moi aussi j'ai eu le coup de blues quand les enfants de copains me demandent des morceaux dont je n'ai jamais entendu parler.
Mais souviens toi, quand on découvrait les groupes des années 70, comme les musiciens de jazz des années 50 et mêmes 60 nous semblaient si vieux et dépassés.
Ca s'appelle la différence de générations et parfois ça fait un peu peur, c'est vrai. Pourtant il faut continuer, être fier de ce et ceux que l'on aime et surtout ne pas renoncer.
Bon courage
PS. si tu pouvais remettre à jour le lien du dernier Alexis HK, ça me plairait bien de l'écouter
Merci
Alex
Merci 1000X Alex. Voici un nouveau lien :
Supprimerhttp://www38.zippyshare.com/v/196087/file.html
Ça me fait ça aussi quand je vais à des concerts (genre Janski Beeeats) quand il n'y a que des gamins autour... avant c'était moi le gamin et les autres avaient l'air tellement plus vieux (pour Kid Pharaon dans les années 80)... Bon ça dépend des concerts, pour le Hadouk Trio, ils avaient tous des cheveux blancs autour de moi...(et moi j'en ai pas beaucoup des cheveux blancs pour l'instant)
RépondreSupprimerDésolé les gars, j'arrive plus à rien faire d'autre qu'écouter Paranoïd Androïd... Vous, vous n'y êtes pour rien... J'ai du mal à m'en remettre, mais j'aurai au moins découvert une bonne chanson. Et là, y'a la ruelle pluvieuse, le vieux con se barre avec son flight case, mais bon, il aurait tout aussi bien pu laisser la guitare. Faire partie des seniors... Senor, Senor, can you tell me wherewe're going ?
RépondreSupprimerHello Jeep.
RépondreSupprimerCe n'est pas nouveau que Madness nous sorte des disques qui bien au-delà de l'image première qu'ils véhiculaient engendrent une douce mélancolie.
Mais c'est pas grave et je trouve salutaire que mes enfants n'écoutent pas les mêmes disques que moi, et réciproquement (même si parfois...)
EWG
Hé, je t'ai envoyé un mail perso, VERY important, tu l'as eu ?
Oui je pense !!! Merci pour le Jack !!!
Supprimermerci,merci d'avoir réveiller une envie endormie. J'ai lu et enuite écouté le titre "never new..." lunettes enlevées profitant de ma myopie pour rester sur la musique. J'accepte l'idée que ec genre de chanson soit démodé, mai ça reste de sacré chanson. Ils ont un talent et je pense que ce n'est pas donné à tous. Arrangement juste ce qu'il faut pour pouvoir faire ensuite du live.
RépondreSupprimerAllez je me la repasse surtout que c'est rare mais je comprends bien le texte, une banale histoire de sollitude qui me tue tellement elle est juste et touchante... Il y a des retours heureux!!!
Je repasse dire que le virus, c'est donc une troisième fois que je me refais ce titre, ne serait ce que les arrangements, dès que le saxo lâche ses petites notes et qu'ensuite ce sont les cordes et re couche pour épaissir la spleen... Et oui, cette façon "I want you to call" camm "kol.."
RépondreSupprimerMadness, c'est surtout sur scène qu'il faut les voir.....au Trianon en Mars et surtout à l'Olympia en septembre 2013....
RépondreSupprimerQuand à cet album, mis à part ta fixette sur Never Knew Your Name, petit bijou au demeurant, ne passes pas à côté d'une pétite de Pop pure titrée "Leon".....Un grand grand moment!!!!