Thème du jour : Une affaire de femmes
Musique au féminin
En fait, j'avais envie d'abord de poster Cut des Slits, histoire de casser l'image de la femme qui nous veloute les oreilles et qu'on envoie faire la vaisselle quand, entre homme, on hurle une kro à la main "It's Only Rock'n'Roll But I Liiiiike It..."
Et je l'ai pas fait parce que Jimmy l'avait déjà posté (le bon goût de cet animal m'agace parfois quand je suis dans l'urgence !), et que ne veux pas passer pour un vilain copieur. Ne voulant pas transmettre à la blogosphère ma fixation sur Patti Smith, mon amour immodéré pour Madeleine Peyroux de peur qu'on en vienne aux mains avec le même Jimmy, j'ai ensuite songé à une compile de la Carter Family, pour rendre hommage à Mother Maybelle Carter, mère fondatrice de la country music, inventeuse du flat-picking, et que les rednecks, sous leur Stetson sous lequel on entend le vide et le vent du Texas souffler oublient bien trop souvent. Problème : la compile, depuis que j'ai acheté l'intégrale, je l'ai vendue... Et l'intégrale de la Carter Family, j'ai pas le temps...
Alors... je ne vois plus que cet album. Dusty In Memphis. Et tant pis si certains l'ont déjà posté. Dusty, c'est tout une histoire. Une sorte de Johnny Thunders au féminin, Une Bessie Smith des années 1960-70.
De la northern soul des débuts, de la pop sucrée vite démodée par des chevelus sensés libérer la musique en jammant trois quart d'heure sur Chuck Berry, la pauvre Dusty ne s'est jamais remise. En désespoir de cause, elle tente donc le coup de l'album aux Amériques, d'où ce titre alléchant de Dusty In Memphis. Après tout, un retour aux sources à Memphis avait bien permis à Elvis de gagner un regain de respectabilité à un moment ou ni ses ballades sirupeuses, ni le rock'n'roll à papa ne payaient plus (salauds de hippies, là encore).
Sauf que, les anglais n'aiment pas ça. Quand bien même ils n'en avaient plus rien à faire de la pauvre Dusty, on ne part pas aux USA sans payer le prix fort d'une rancoeur se traduisant fissa dans les hit-parades. Les Beatles, les Stones, Led Zep, tous ont dû montrer patte blanche et limite s'excuser à leur retour.
Et pourtant, quel disque ! Bon, bien sûr, ce n'est pas la décharge rythm'n'blues qu'on aurait pu espérer, mais quand même. Dans ce registre, Son Of A Preacher Man est parfait, rien à toucher, merveille absolue. Et puis les ballades sont à tomber. Les violons ne s'emplâtrent pas dans le beurre de cacahuète, la dame est mise en valeur sur chaque chanson, et - perso - et - cocorico - The Windmills Of Your Mind de notre Michel Legrand national n'a jamais été mieux chanté. Et comme c'est une des plus belles chansons du monde, ça tombe plutôt bien, non ?
Mais prout, plouf, flop et basta.
Il faudra attendre la galère de la pauvre Dusty (en gros, drogues, homosexualité déclarée à une époque ou ça vous foutait une carrière en l'air plus rapidement que l'intro d'un single, cancer du sein et bye bye) pour qu'elle soit introduite au Rock'n'Roll Of Fame post-mortem (dix jours après sa mort, on appréciera la réactivité des Ricains) et que l'album soit porté aux nues. Ce que je fais aussi, bien trop tard, mais j'espère que personne ne m'en voudra de ne pas avoir bloggé en 1999... voire avant....
Une affaire de femmes... le film de Chabrol est aussi triste et implacable que la destinée de Dusty Springfield. Bien plus près de nous Amy Winehouse suivra une voie tout aussi emballante... Ragots, saloperies, pétages de plombs bien justifiés. Un jour, peut-être, on écoutera juste la musique sans lire VSD, et sans acheter le disque à cause de la pochette. Quand je pense que cette vieille peau de Mireille Mathieu, si elle ne nous casse plus les oreilles, réussit malgré son grand âge à nous briser nos organes génitaux avec sa saleté de remarque sur les Pussy Riot, je me dis que merde, la vie est mal faite, et que la pire punition de Dieu ça n'a pas été de nous chasser du paradis, mais laisser vivre les connes et nous enlever les plus beaux fleurons de la culture féminine bien trop prématurément. Et de constater que les connes dépassent parfois les cons. N'est-ce pas, Marine ?
Don't forget about her...
J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.
Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?
- - - Disapproved by the Central Scrutinizer - - -
mercredi 19 septembre 2012
GCDBMDD # 2 : Dusty Springfield "Dusty In Memphis"
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Hi Jeepee,
RépondreSupprimerHeureux de te retrouver!
Deux posts et déjà deux superbes chroniques avec juste ce qu'il faut de "coup de gueule", d'humour ( et auto-dérision!) et d'érudition pour donner envie, si besoin était, de se plonger dans ces albums.
Dylan hier et Dusty aujourd'hui, la quinzaine commence très fort.
Merci
Echiré79
Merci ! bon à quand la bière place de la Brèche ? Je dis ça mais je ne serai pas là la semaine prochaine, mais j'aurai quand même la wifi pour continuer à blogguer !
SupprimerToujours partant!
SupprimerQuand tu as un moment de dispo sur Niort, tu me passes ( un peu avant...stp ) un mail ( echire.79@orange.fr)ou un SMS ( 0673504214 ).
J'ai bien bu quelques mousses cet été.....mais pas sur la Bréche, je patiente!
A+
Echiré79
Je ne savais pas qu'il y avait une version "Deluxe", mais là déjà y'a 8 bonus tracks en version mono pas piqués des vers... Merci pour les compliments !
RépondreSupprimerAh oui ? Tu vas rire mais le dernier Rock&Folk n'est pas encore arrivé dans mon Super U !!! Mais c'est vrai que cet album des Slits vaut son pesant de cacahuètes...
RépondreSupprimerSalut Jeepeedee,
RépondreSupprimerParfait. Un plaisir à lire avant le plaisir d'écouter. Comme je n'ai pas Dusty, je complète ma collec de nanas.
J'avais aussi pensé aux Slits mais vite abandonnées. Trop évidentes peut-être.
Merci
Till
PS : pénible les captchas
Je prend mais malheureusement, je ne sais si tu es en Mac mais je suis souvent incapable de dézipper ton document. ;(
RépondreSupprimerOui je suis sous mac... encore désolé...
SupprimerQuel magnifique album, je ne sais quoi dire de plus. Un choix divin...
RépondreSupprimerHello.
RépondreSupprimerPour un peu y avait doublon...
Super et bien vendu pour ceux qui ne l'avaient pas encore acheté!
EWG
Grand!! Mais pourquoi autant de pochettes différentes? A ranger à côté des Campbell/Webb (Jimmy)
RépondreSupprimerEn fait je diconne il y a deux pochettes Mais la tienne je la découvre ici C'est ce qui m'a perturbé...
Merci pour ces délicieux posts et c'est un plaisir de te voir participer. Désolé mais tu es censuré d"accès de mon lieu de travail .. donc un peu galère pour commenter.
RépondreSupprimerVraiment un superbe choix, un très bon article avec un tas de vérités qu'il fait bon lire.
RépondreSupprimerMerci.
merci jeepeedee
RépondreSupprimerversion deluxe
http://www.israbox.com/1146350819-dusty-springfield-dusty-in-memphis-deluxe-edition-1999.html
http://turbobit.net/xx2rde4ibp0c.html