J'ai reçu un message aujourd'hui à propos de mon post sur Joe Dassin. Un amoureux transi a créé un véritable blog (site), digne de ce nom, pour les extrémistes de l'homme au costume blanc. Rempli de pub inutile, mais quand même, saluons l'effort. C'est ici :
http://discographiejoedassin.blogspot.com/
Alors évidemment, évidemment, je n'ai pu que repiquer au truc. Constater des petites erreurs manifestes, titiller, savourer, rêver de ce 33 tours canadien reprenant tous les premiers singles, véritable serpent de mer enfin identifié. Et reécouter Joe. Tant de trucs qui reviennent. Ca gratte jusqu'au fond de l'enfance, de Siffler Sur La Colline, en 45 tours, que mon papa m'avait acheté et dont il m'avait fait la surprise. De ces petits riens tellement essentiels que 40 ans plus tard ils vous marquent d'avantage que toute la tristesse du monde et les petits bonheurs à suivre.
Alors évidemment, évidemment, compulsif que je suis, je poste un deuxième Joe. Un album véritablement superbe, un flop à l'époque (un seul tube : Elle Etait Oh !). Un album plus que courageux après les premières scies (Les Champs Elysées, L'Amérique, etc.) qui l'ont menées à la gloire. Rythm'n'country blues en diable, un Rhodes dégoulinant pratiquement tout du long, des arrangements audacieux pour l'époque et pour toujours.
Où que le train t'emmène
D'aussi loin que tu reviennes
Tu me reviendras il le faudra bien
...Ca attaque grave par cette Ligne De Vie, avec ses choeurs gospel et sa mélodie imparable, un texte un peu simplet mais tellement bien chanté qu'on y croit. Le meilleur titre de Joe, pas moins. Et la suite est tout aussi délicieuse.
Un Miossec ou un Daniel Darc ou encore un Patrick Eudeline nous balanceraient aujourd'hui La Mal Aimée Du Courrier Du Coeur qu'on crierait (à juste titre) au génie. Et ici, très peu de reprises. Un Gordon Lightfoot merveilleux (If You Can Read My Mind - ici Si Tu Peux Lire En Moi, avec ici des cordes qui pleuvent des larmes), repris par Johnny Cash dans son avant-dernier disque sépulcral et oublié par les Papillons Noirs dans leur gigantesque compilation des Originaux de Joe - on ne lui en voudra donc pas.
C'est franchement délicieux. J'entends, ce mélange de cuivres, de guitares sèches, de sitar électrique (oui !). Et le gars chante comme un dieu. Les overdubs de voix sur Bye Bye Louis sont un délice. A peine Le Chanteur Des Rues est-il franchouillard, quoique hippie dans l'âme... Et les chansons légères sont drôles sans être comiques, flirtant avec bon goût (Allez Roulez, let it roll, quoi ! Tudieu ce solo de piano électrique là-dessus !) entre cynisme et second degré (Les Joies De La Cuisine)... Et il y a même une chanson engagée, critiquant vertement - en 1970 - les régimes sud-américains (Le Général A Dit). C'est dire... Bon, il y a bien un peu de daube (Sylvie, Pauvre Pierrot... et encore) mais il se fend quand même, avec l'aide du sinistre Pierre Delanoë d'un vrai/faux morceau country/folk (A La Santé d'Hier) qui aurait mérité d'être repris par Johnny Cash avec bien plus de succès que la daube à Clo-Clo milliardisée en dollars par Sinatra.
Et puis ce tube... Elle Etait Oh !... Je ne m'en suis jamais remis. Enfant, j'adorais, adolescent je respectais, quarantenaire je reste sans voix devant un tel arrangement. Riff imparable et éternel, orgue qui dégouline, basse électrique, voix de basse du bigleux mêlées dans le break, une histoire d'amour dans un train (les plus belles), et la section rythmique qui te fait le RER comme si tu y étais... Et les cuivres qui pètent fièrement, presque (presque, faut pas pousser quand même) comme à Muscle Shoals. Da da di da da da doo dam deh ! Gimmick qui tue. Et la stéréo, grossière, de l'époque, qui enfonce le clou : Cuivres d'un côté, guitare de l'autre. Blaam !!!
Evidemment, l'album fera un four. Le succès du précédent était tel qu'on a dû oser faire confiance au bon goût de Joe, ça ne sera plus le cas par la suite. Obligé de faire le clown ou le crooner en fonction de l'orientation décidée par la maison mère, il en crèvera. Aura juste le temps de se faire un album avec Tony Joe White avant la crise, cardiaque en ce qui le concerne.
Joe Dassin, c'est l'histoire d'un talent gâché, d'un gars plutôt doué, comme il y en a cent mille en Amérique et mille fois moins dans une France cent fois plus petite, qui a cédé aux sirènes de la gloriole du samedi soir avec Maritie et Gilbert Carpentier. La coke en coulisses, le sourire éclatant face à la France de Pompidou. Il y en a plein d'autres. Lui a joué la carte de la démission artistique. Ca n'est ni moins ni plus plus glorieux que celle de l'intégrité. C'est juste le produit, dans l'overdose, qui n'est pas le même.
Bye Bye Louis...
Hi Jeepee,
RépondreSupprimerUn grand merci pour ce Joe Là.
Avec grand plaisir !!!
RépondreSupprimereuh...
RépondreSupprimer"Comme d'habitude", de la daube ?
pas quand même !
Amitiés
Alain