Thème du jour : Protest Album
Le temps est venu.
Joli titre pour un protest album, non ? Mais le temps est venu de quoi faire ? Combien de hippies, combien de folkeux ont-ils clamé cela haut et fort dans les MJC ? Voire avec l'aval des majors de l'époque qui, faute de contenir ces chevelus rebelles ont diffusé leurs chansons, laissant au FBI et autres polices d'Etat le soin de se débrouiller avec la consommation de LSD, de schnouf et de smack qui allait si bien avec... Tiens, rien que les Chamber Brothers, z'ont fait un tube avec ça ! Allez les rigolos adeptes de la salade verte et de la marijuana !!! Le temps est venu ! Bon, ben nous on chante çà, hein, on dit ça on dit rien... Achetez nos disques, broutez votre persil et tout ira bien, non ?
Pas de ça ici. Pas non plus de Dylan, trop fac'. The Times They Are A-Changin' aurait été parfait, bien dans les clous, mais on sait tous que le Zim n'y croyait pas une minute. Et puis, franchement, qui voudrait, un lundi matin, se fader la triste mort solitaire de Hattie Caroll, à part Hugues Aufray ?
Inch Allah d'Adamo(u) ? oui, pourquoi pas, mais on en viendrait encore aux mains et d'anonymes blogueurs m'épingleraient sur le talent du monsieur, qui ne saurait se limiter à blah blah blah... Merci, j'ai déjà donné.
Donc.
Le temps est venu de nous séparer mon amour...
Ca y est, le Jeepee déconne plein pots, balance une mièvrerie pseudo-celtique, rate le coche, dérape et biaise, bref, l'est juste bon à reléguer dans les signets "C'était Mieux Avant", out, terminé.
Euh... oui, c'est une chanson d'amour. D'un irlandais gréviste de la faim qui demande à sa copine, au moment où il perdra connaissance, de le laisser mourir et de ne pas l'alimenter par perfusion. Margaret Thatcher en rit encore. Plus vite c'est fini, mieux ça vaudra... Salope.
Voili voilà, le ton de l'album est donné... et regorge d'autres gentilles ballades dans le même style. Go ! Move ! Shift ! s'adresse aux tinkers, sorte de gitans irlandais, dont personne ne veut bien évidemment. L'analogie avec le petit Jésus, fort prisé chez nos amis de Dublin, ne fait qu'enfoncer les clous (oups, pardon, si on peut plus déconner...). Sur cet album, Christy Moore est vraiment vraiment très énervé. Tacle allègrement la Perfide Albion (normal), mais aussi les culs-bénis qui lui servent de voisins (The Knock Song). Et l'ensemble de son public, qui comme chez nous est trop souvent du genre FN sans le savoir. Balance des brûlots on-ne-peut plus explicites, et les mélange à des ré-interprétations de ses chansons consensuelles, histoire de mettre tout le monde (y compris ses potes du Sinn Fein) mals à l'aise, et tenter d'expliquer que rien n'est simple.
Rien n'est simple, à commencer par sa carrière. Christy Moore vient de mettre son talent immense au profit de Planxty (folk à tous les étages) puis de Moving Hearts (rock-jazz genre on n'est pas des pouilleux, on sait se servir des synthés et des saxos ! aheum, voyez-donc ici la version épurée de Faithfull Departed, au hasard...), et remet ici les pendules à l'heure : tout seul ou presque, il est tout à fait capable d'interpréter ces chansons, sans aucun besoin ni de bouzoukis, ni de saxophones ou de guitares électriques et claviers envahissants. Jamais le gars n'a été aussi énervé que dans ce dépouillement le plus extrême.
C'est ici une véritable ode à l'anéantissement de la bêtise, fusse-t-elle politique (Section 31, terrible), religieuse (The Knock Song, là encore) ou commerciale (All I Remember, créée avec Moving Hearts, le bougre insiste). Messieurs et mesdames les psychorigides, pourrez-vous accepter qu'une jolie ballade telle Nancy Spain ou la rigolote Lannigan's Ball (jouée sur un simple bodhran, vas-t'en vilain synthétiseur, même pas besoin, même pas peur !) s'intercale entre deux boulets dont il faudra vous confesser soit à l'Eglise, soit au sein du Parti ? Rien n'est simple, hein.
Ici, malgré le syndrome guitare sèche instauré par le Bobby Zim, personne dans cette Irlande des années 1980, divisée entre sabre et goupillon, ne peut en faire ses choux gras. Genre, attendez deux minutes avant de brandir un drapeau, une bannière...
Au final, seules nos rivières sont libres...
PS : ... J'avoue un faible pour The Wicklow Boy. J'ai eu la chance d'assister, en 1988, dans un pub à Dublin, à un benefit concert réunissant pas moins que Davy Spillane, Luka Bloom et le-dit Nicky Kelly, héros malgré lui de la-dte chanson, entourloupé par la police irlandaise, avec ses Fleadh Cowboys. Ordre du jour de la soirée : non pas de grandes causes, pas d'Apartheid, pas de malnutrition, pas de Bob Geldof. Deux caissières du supermarché du coin s'étaient fait virer. Alors, on organise, on répète vite fait, on se débrouille, on se bouge. Même les vilains U2 leur avaient dédicacé un disque et fourgué un autre aux enchères ce soir-là pour la bonne cause. Penser global, agir local ? Ce jour-là j'en ai eu la brillante manifestation... Aux armes, citoyens !
Whouahh bien joué la pich'node à Bob que j'aurai parié :D Fantstique ce disque complètement inconnu pour moi .. joli Djeep ;D
RépondreSupprimerLa pochette vend mal ce que ton texte vend bien.
RépondreSupprimerJe m'y penche ASAP.
On parie qu'on aura un Woody Guthrie avant la fin du tour ? ^_^
Sans conteste ça proteste fort selon ton texte, galette inconnue pour moi, je charge le manifestant ...
RépondreSupprimerBravo pour l'expression! Pas facile le recul sur ce thème: Les anciens combats et ce qu'ils sont devenus.
RépondreSupprimerCes doux (pas tous) rêves dont on aime se moquer aujourd'hui.
Un funambule le Jeepeedee: Pas de cynisme, pas de regret ... Tu as su me convaincre et c'est donc mon premier téléchargement du thème, Gracias
Bravo !
RépondreSupprimerjolie réponse au thème et merci pour l'Irlande qui m'est chère.
Connais pas!
RépondreSupprimersuperbe chronique
j'y cours.......le temps est venu!
Echiré79
Les mots, le cheminement des idées, les souvenirs et même la "protest chronicle", ha ha tout est là!
RépondreSupprimerJe crois que Moore va m'accompagner aujourd'hui. Tout est réuni pour me plaire. Merci Jeepeedee!
Hello.
RépondreSupprimerConnaissais pas, suis allé voir : imparable et bien vendu, comme d'hab, mais je vais pas l'écouter souvent.
C'est marrant, John Wayne aussi avait un nom de fille.
(Rien à voir, ça m'est venu comme ça...)
EWG
Un grand monsieur... Très beau choix. Moi qui pensais trouver du Zim chez toi aujourd'hui... la surprise est totale.
RépondreSupprimerConnaissais pas... vraiment bien... Et toi est-ce que tu connais There Comes A Time de Martin Stephenson and the Daintees?
RépondreSupprimerHi Jeepee, Super en forme dis donc.
RépondreSupprimerBon effectivement le syndrome guitare sèche ...
voici une compile que j'ai faite en prenant un morceau de chacun des disques proposés pour ce premier thème par les différents participants. Je l'ai appelée d'après un tableau de Munch (clin d'oeil à Charlu, le peintre).
RépondreSupprimerLe Cri (GJSF5-T1 Protest Compil)
Rondelptik
Un peu déçu par la galette, mais c'est toujours la même chose avec toi, tu nous présente cela de manière tellemnt alléchante et merveilleuse que le pauvre artiste qui passe après toi a bien du mal à faire sa place, seul avec sa guitare et ses ballades. J'aurais du prendre la Guiness avant, mon opinion aurait peut être été plus favorable.
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