Ce bon vieux Docteur. Personne ici, ni ailleurs, pour le descendre en flèche. Il impose le respect, le vieux roublard. Il sent le gumbo par tous les pores, et vas-t-en pas lui chercher des noises, les pattes de poulet devant ta porte c'est jamais bon. Et puis on sait jamais.
Pour autant; je n'ai jamais rencontré personne se vantant de posséder sa discographie intégrale. Même pas sûr que le toubib ait été piraté. Non pas qu'il ait commis de mauvais album mais... comment dire... si j'étais mauvais, le Mac Rebennac je l'appellerait bien le Mac Rabachenac. Oui oui c'est sûr, je me crois sur parole, y'a rien de mauvais, jamais, toujours ce groove caractéristique de Bourbon Street, ces cuivres qui balancent, et puis qui oserait se plaindre d'une reprise de Jelly Roll Morton par ici, de Professor Longhair par là ? Oh personne, encore une fois, on sait jamais. Mais bon...
Identifiable au moindre coup de glotte, le Docteur fait partie des meubles. Seriez-vous du style à passer dans votre salon et rester scotché ? Waaah ! la putain de belle chaise que j'ai ! Top classe, je vais la prendre en photo ! Euh...
Bon, c'est sûr, le premier album était visqueux comme un okra trop cuit et redoutable car dangereux. Grooves salaces marécageux, cantiques vaudous qu'on ose pas écouter trop fort, parce que le Baron Samedi, à ce qu'il paraît, y'a pas intérêt à l'inviter à manger le jambalaya... Et puis In The Right Place, comme son titre l'indique... Et j'ai un faible aussi pour Duke Elegant, ses reprises funky de Duke Ellington (originaire d'où vous savez, il allait quand même pas reprendre Charlie Parker, hein !). Et puis un truc par ci-par là (j'ai même oublié le titre, mince...).
Alors vous pensez, ce Locked Down butiné au hasard, fallait vraiment que j'aie déjà téléchargé l'album en espagnol d'Abba pour que, lassé par le sommeil qui tarde, je clique sur le lien. Etant par ailleurs pas très au fait du truc, ce n'est que plus tard que j'ai appris que le skeud était produit par le gars des Black Keys, Dan Auerbach, c'est ça non ? Hype, donc.Et là je me suis senti doublement berné : et d'une, le disque était excellent, et de deux, j'avais cédé aux sirènes commerciales, les pires, celles que je déteste. Quand un jeune on à la mode fasse l'aumône à un Ancient pour le remettre sur le devant de la scène. Prenez l'autre perdreau du jour, Jack White, OK il avait fait un miracle avec Loretta Lynn, mais il n'a pas empêché la vieille Wanda Jackson de sonner comme un potiron plasmolysé au milieu d'un champ de blettes. Et puis, par chez nous en Phrance, la bernique hurlante, M, qui s'est cru, non mais oh, capable (et pire, a pensé qu'il lui était indispensable) de redorer l'image de notre Johnny national ! Et rappelez-vous de Lenny Kravitz, le Canada Dry recycleur de clichés Lennoniens, il a tenu combien, deux albums avant qu'on découvre la filouterie ?
Mais là, niqué le Jeepee. Tout cela est évidemment vintage à souhait, mais bon sang que c'est bon. On a presque l'impression parfois que le vieux Docteur aurait poussé jusqu'à Memphis faire chauffer la marmitte chez Stax. Je sais, vous allez me dire que tout cela n'est qu'un feu de paille. Mais non, ça fait plus d'un an que ça dure. J'ai même acheté l'album ! Si j'étais parano, enfin, si j'étais à la place du Docteur et parano, je me dirais que c'est peut-être volontairement que personne ne lui a dit, pendant toutes ces années, que ça serait peut-être bien qu'il change un peu de style, pour éviter de fâcher la concurrence, voyez-vous.
Et puis je me souviens maintenant que le Dan avait même réussi à me bluffer avec Lana Del Rey (et je revendique toujours, malgré les rires caustiques d'une bonne moitié de la blogosphère). Non, ce mec a du talent. Et j'aimais bien les Black Keys, même si le dernier album... bof bof. Il a eu du bol, le Docteur. Le Dan a dû choper le melon depuis, comme le Jack Stripe - pardon - White, qui produit tellement bien ses disques qu'il oublie d'en écrire de bonnes chansons.
Bien sûr, le livret du CD est pompeux (mais vous vous en fichez, je l'ai pas scanné) et raconte cette merveilleuse renaissance grâce à Dan Auerbach, qu'ils ont jammé à l'arrière d'un honky-tonk à cinq heures du mat' et que non non vraiment ça n'a rien d'un revival. C'est la magie les mecs, le mojo, tout ça. Ca fait un peu pub de la Mère Denis pour Ariel, et ça gâche un peu le truc, mais fallait bien expliquer un peu aux djeuns pourquoi un mec branché trainait avec un grabataire, sans doute.
Bref, un truc de fou. On sent l'arnaque à plein nez, un peu comme chez Fernand Raynaud, allo Tonton ? Pourquoi tu tousses ? C'est pas de la farine, c'est du sucre en poudre !!!
Peut-être, mais ça ressemble drôlement à du Brown Sugar, cette affaire. Alors, si pour vous Dr John ça fait un bail, prenez un rail ! Big Shot !
You Lie ?
Ha ha ha ... j'ai aussi bien ri à ton évocation de certains de nos compatriotes, "bernique hurlante" même hurlante est un compliment qu'il ne mérite pas, mais me voici méchant, je suis sous influence d'une partie de ce post, moi la gentillesse même! Ce Dr John, je me le refais pendant que je te lisais, je l'ai ressorti des cartons grâce à toi, en tout cas pour aujourd'hui.
RépondreSupprimerTiens, d'ailleurs dans ce même carton je traîne quelques Léon Russell, marrant je les ai rapproché tous les deux... la voix peut-être, et ce parfum boisé? À la revoyure monsieur!
Je me suis replongé dans les anciens et je m'interrogeais sur le travail de "Dan Auerbach", j'étais partagé: Bravo, grand respect du talent du Dr, pas de gimmick à la con, pas tenté de le rendre moderne, bravo!! Mais alors c'est quoi sa valeur ajoutée au Dan? D'avoir laisser faire? C'est peut-être moins facile que cela parait? Bon, ok, bravo quand même
Bah moi des mecs qui font toujours la même chose ça me gêne pas forcément, bon effectivement je n'ai pas tous les disques du bonhomme mais chuis quand même tombé sur un pirate : ''Live In Manley Field House, Syracuse'' de 72 que, tu vas rire, je te recommande fortement !! Ici :
RépondreSupprimerhttp://bigozine2.com/roio/?p=2344
Ou là :
https://www.youtube.com/watch?v=_fLEOtQO2us
Le Dr, dès qu'on commence à l'oublier il nous pond le truc qui tue, il est déterré par le mec qu'il faut, là c'est Auerbach (mais franchement je sais pas évaluer son apport, peut-être que le disque aurait été aussi bon sans lui), avant ce fut Weller, et sa prestation dans ''The Last Waltz'', et tant d'autres...
Je me souviens d'avoir replongé début 2000's avec Creole Moon, va savoir pourquoi, que j'ai rangé juste à côté de la pile ''Incontournables'' de sa période 68-73.
Du coup nous y voilà, toi à écrire, nous à lire et tous à l'écouter.