J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


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vendredi 20 octobre 2017

#209 : Castelhémis "Armes Inégales"

Imaginez. Enfin si vous y arrivez. Si Léo Ferré, en lieu et place de sa légendaire crinière de fauve anarchiste avait eu le physique de - au hasard - Fernandel ou Bourvil. Imaginez-le maintenant déclamer Le Chien avec ce nouveau minois. Avouez que ça manque cruellement de superbe. A la place du regard fuyant et torve de Lou Reed, calez la tronche de Patrick Sébatien et imaginez l'hydre ainsi créée interpréter Heroin. Vous me direz que si Marianne Faithfull avait eu le physique de Maité, elle ne serait jamais sortie avec Mick Jagger et qu'il serait vain de l'imaginer fredonner la ballade de Lucy Jordan. OK sans doute.

Castelhémis lui, avait le physique de Roland Magdane. La vie est parfois cruelle. Surtout que Castelroland s'était mis en tête de cracher les textes les plus violemment anti-militaristes que l'année 1977 ait comptés.  Ce qui n'était pas bien difficile, en pleine période punk il n'y avait plus grand monde - surtout dans les Landes, honorable bastion accueillant avec bienveillance Police, Damned, Clash et les autres - à brandir les valeurs baba cool avec - en plus, ce gars-là cumulait ! - une guitare 12 cordes acoustique en guise d'étendard.

C'est donc tout à fait normal si vous n'avez jamais entendu parler de Casteltruc (non, ça n'est pas une marque de pinard 5 étoiles des différents pays de la Communauté Européenne). C'est tout aussi normal si la musique de ce gars dont j'ai déjà oublié le nom vous apparaît risible voire carrément insupportable. En fait, vous pouvez tout à fait passer votre chemin, on ressort plein de gâteries pour Noël, un coffret de Zappa, La Reine Morte des Smiths en version deluxe (évidemment), et plein d'autres à venir sans doute.

Inutile donc de perdre votre temps avec ce rip vinyle (le truc de Castelvin n'est jamais sorti en  CD) sur lequel j'ai passé ma soirée. Avec émotion, nostalgie, tristesse, amour. Parce que comme tous ceux qui ont croisé la route de Castelhémis pendant leurs tendres années, comme tous ceux qui ont chanté Les Soldats devant un feu de camp à la Saint-Jean, comme tous les disciples qui l'ont vu en concert dans les années 80-85, je ne m'en suis pas remis. Génie des mélodies ? Sens du verbe ? N'exagérons rien, il faut malheureusement raison garder quand on a mon âge. Juste ce pincement au coeur, ce sentiment que ces vertes et juteuses années n'auraient pas pu être plus tendres, et cela grâce à lui.

Amusez-vous (?) à traîner sur Youtube - seul endroit du web où l'on peut écouter Castelhémis - et lisez les commentaires. Nous sommes une petite tripotée à se remémorer des instants partagés avec cet homme-là. D'Aurillac en Bretagne, d'Alsace en Occitanie. Tous pareils. J'avais 15 ans... etc. Sous-entendu, le reste ne vous regarde pas. Tellement beau que ça ne se partage pas.

Castelhémis est mort à 64 ans, le 8 avril 2013, dans une indifférence crasse (j'apprends ça moi-même aujourd'hui, d'où ce post en urgence) qu'il avait bien cherchée. Sa discographie n'est qu'une longue descente aux enfers en six albums, trop triste pour évoquer cela ici. Je suis preneur de l'intégrale, ceci dit, si quelqu'un a ça, mais encore une fois, ça n'a rien de rationnel. Faut dire que quand on commence avec un album tordu et direct comme celui-ci, pas facile de virer bossa-variétoche. Pas facile d'arrêter de dire que la guerre c'est pas bien. Pas simple de perdre la folie qui infuse ici à chaque sillon. C'est nous le rock dégénéré, non mais qu'est-ce que vous croyez !

En fait de rock, c'est certes rythmé, mais plutôt acoustique, limite Cat Stevens quand même - s'il n'était cette voix haut perchée, qui disait quand même joliment ce que la jeunesse giscardienne n'osait rêver - ces paillettes de lumière dont on manque cruellement aujourd'hui.

Adieu donc le Petit Landais...où est donc passé mon béret, il paraît qu'avant ça m'allait ?

EDIT : Pour ceusses qui ne liraient pas les commentaires, l'album suivant, tout aussi (voire plus ? non, allez, autant - quoique - il faut avoir entendu Grenoble une fois dans sa vie) recommandable est disponible chez Tonton. Merci Tonton.

EDIT2 : Malheureusement pour ceusses qui découvriraient l'artiste, la suite se gâte dangereusement, je préfère vous prévenir. Ecouter sans transition Coucou ou Castelhémis 88 après ça peut nuire gravement à la santé. J'ai même connu des prêtres qui en ont perdu la foi.

17 commentaires:

  1. C'est pareil pour moi : j'ai le physique de Delon, la musculature de Jérôme Le Banner, la quéquette à Rocco et j'ai toujours autant de mal à emballer des nanas… comme tu le dis, la vie est parfois cruelle !!!
    Trève de plaisanteries : je charge

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  2. On a parfois l'impression d'être dans le même univers que Gérard Manset

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  3. A bas toutes les armées, ni dieux ni maîtres... Inch'Allah

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    1. Très bonne surprise, ce "Castelhémis. "La Favella de Levallois" a tout d'un tube. Merci pour cette découverte. Sur un post précédent le lien des "majestées sataniques" est invalide. Le concert du 19 à Nanterre se passe de commentaire. Si quelqu'un pouvait les faire rouler au bas de la falaise, cela arrangerait les plus lucides d'entre nous.

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    2. "Tchik y Tchik" et "Coco" sans être des tubes ont été de jolis succès à l'époque et passaient fréquemment à la radio

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  4. Tu peux trouver l'album "coucou" sur le blog Toripornot.blogspot.com

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    1. Waah Echiré79 comment va ? Merci j'y cours...

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    2. Salut Jeepeedee,
      Ma foi ça va pas mal....malgré les ans qui s'accumulent; toujours à Echiré et le plus souvent possible des virées vers l'océan.
      Et toi pas de regrets d'avoir quitté la Venise verte pour les Iles ensoleillées ??
      Tu peux aussi aller jeter un œil chez "Les chansons perdues ( vinyles45toursrares.blogspot.fr) ou "le bon craignos" ( leboncraignos.blogspot.fr) on y trouve parfois ( au milieu de chansons à oublier, enfin pour moi!! ) quelques superbes raretés.
      J'ai lu qu'ils allaient ,bientôt sans doute, poster d'autres Castelhemis.
      Je ne laisse que très rarement des commentaires mais j'essaie de suivre quelques blogs, le tien et ceux de Jimmy, Charlu, Keith....les anciens quoi.
      Anecdote = Il y a une grosse dizaine d'années maintenant, alors que nous étions en vacances dans le golfe du Morbihan , nous nous sommes trouvés à l'heure du repas à Sarzeau pour trouver un restau. Ne voulant pas, une fois encore de crêpes, nous avons trouvé un petit restau sympa ( plutôt cuisine du midi ) et j'ai cherché un sacré bout de temps ou j'avais bien pu rencontrer déjà le patron ??!!!
      Ce n'est que quelques semaines après en fouillant dans mes fichiers et en tombant sur la pochette "D'armes inégales" que je me suis rendu compte que ce devait être Castelhémis qui, en effet, était devenu restaurateur après l'arrêt de sa "carrière" musicale.
      A++
      Echiré

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  5. Bonjour , pour te répondre de chez Fred "Mots croisés" est donc chez Tonton aujourd'hui
    Pour le 3ème cela arrivera là aussi , (mais c'est Tonton le chef ..) je dois encore terminer "Le p'ti bar" puis le "88"
    pour la suite

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    1. Pardon , je pensais que tu connaissais

      http://vinyles45toursrares.blogspot.be/2017/10/castelhemis.html

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    2. .. et le "88" est déjà chez le Doc aussi
      si tu ne connais pas :

      http://docoverblog.blogspot.be/

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  6. Pour compléter le tout, j'ai rajouté la compil CD "Il nous emmenait" sur mon blog (http://memorhits.blogspot.com/2017/11/haut-landais.html)

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  7. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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