Pour être tout à fait franc, je suis loin d'être fan de ce qu'on peut appeler World Music, New Jazz ou je ne sais pas quoi encore, et qui, à mon humble avis, consiste simplement à masquer trop souvent un manque de talent par quelques instruments bizarres, garants d'une ouverture d'esprit et d'une aventure musicale sans précédent. Et dans le genre, le label ECM se pose là. Rajoutez au projet une photo géniaaaale, genre celle qu'on trouve en poster dans Géo, et l'ennui est assuré. Voilà exactement ce qui semble attendre l'auditeur avec cet album, Ocean (quel titre, fallait oser), de Stephan Micus, qui chante sur un titre et nous joue de la cithare bavaroise, du dulcimer, du sho et du nay (baillements).
Sauf que, cet album je l'ai entendu un jour chez des amis, je suis resté sous le coup de l'émotion, et je l'écoute depuis plus de vingt ans. Si je l'avais vu chez un disquaire, dans un bac à solde, dans une poubelle, sans l'avoir écouté avant, j'aurais au mieux récupéré le boitier et jeté la galette. Grave erreur. Comme quoi faut pas avoir de préjugés. Deux morceaux dépassent la quinzaine de minutes, avec la quincaillerie annoncée plus haut, et je ne connais rien de mieux quand j'ai envie de me retrouver, tout seul, le casque sur les oreilles, pour m'évader un peu. Remarquez que je n'emploie pas de gros mots genre méditation, recueillement ou autre, mais si c'est votre tasse de thé, cet album est pour vous. Et si vous préférez le café, ça fonctionne aussi. Pourquoi ? Parce que tout ici est mélodie, progression, talent.
Alors j'en ai écouté d'autres, du-dit Stephan Micus, et je me suis retrouvé avec des albums conformes à la critique évoquée ci-dessus. Celui-ci semble être un OVNI, du moins par rapport à mes critères personnels. Parce qu'ici, on dépasse l'art pour l'art, on touche à la sensibilité simple et directe. Stephan Micus n'est pas Coltrane, et donc je préfère Coltrane s'il s'agit de se faire un trip un peu barré. Et le Stephan Micus que j'ai entendu sur d'autres albums n'est pas non plus Steve Reich ni Philip Glass, ni Brian Eno ni Terry Riley s'il s'agit de lorgner vers la musique répétitive savamment réfléchie et rendue avec émotion. Bref, cet album tient sans doute du miracle.
Mais bon, moi ce que j'en dis...
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