J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


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mardi 7 novembre 2017

#213 : Hüsker Dü "New Day Rising"

Il paraît qu'en ce moment, la blogosphère s'est mise en tête de glorifier le Zen Arcade de Hüsker Dü (glorifier ou démonter peu importe, d'en parler quoi !). Etant donné qu'il serait navrant que j'en sois, pour d'évidentes raisons de redites, voici donc un autre album de Hüsker Dü qui me paraît pouvoir retenir votre attention quelques instants :

- Ce n'est pas un double-album : les arguments en faveur de cette particularité de Zen Arcade ne tiennent pas. C'est un disque de punk rock tout bête, initialement avec deux faces, aujourd'hui je ne sais plus, 15 fichiers ?

- Les morceaux sont très courts, balancés en 2'30 sur des thématiques intéressantes (les livres sur les OVNI, les façons de dépecer un chat, enfin ce genre de choses, somme toute rien que de très banal)

- Contrairement à Zen Arcade, il est inutile/difficile/idiot d'évoquer l'éternel "sens de la mélodie qui se cache sous le déluge de décibels montrant quel songwriter se cache derrière patati patata". Les cinq premiers morceaux ne sont qu'un tir en ligne, en avant toutes, avec le plaisir simple et essentiel de faire du bruit, simplement du bruit comprenez-vous. On aimerait que ça continue mais malheureusement on trouve par la suite quelques éléments un peu pop - oh rassurez-vous guère plus que de Ferrero sous le canapé un lendemain de murge. Et ça ne commence qu'à la septième chanson, et ça c'est bien aussi, surtout que ça ne se calme pas sur la fin. Et non, il n'est pas plus mélodique et plus lent que Zen Arcade, il est tout aussi jouissif. Juste un peu moins brutal que Land Speed Record, qui s'en plaindrait ?

- Et puis la pochette est si chouette. Ce paysage idyllique avec deux clébards devant qui viennent affectueusement nous rappeler qu'en bon chiens errants ils nous boufferaientt les couilles si l'on s'amusait à venir contempler le soleil levant, conneries tout ça. Et puis en regardant de plus près, le soleil est noir, le ciel couleur de merde, et les clébards sont peut-être tout aussi bien des chiens-chiens à sa mémère qui en pissant dans l'eau vont vous coller une maladie parasitaire à la con et que bordel si j'avais un flingue je dégommerais ces saletés. Journée de merde.

Et surtout, ce disque s'appelle New Day Rising, et je me faisais la réflexion justement, en l'écoutant à fond la caisse dans les embouteillages après avoir passé une journée pourrie à un point ou j'avais l'impression vu toute la merde qui me tombait dessus que le reste du monde devait être constipé, pas moins. Demain sera bien ? J'y crois plus.

Prenez trois paysans, acculés par les dettes des fournisseurs. Ces trois paysans se regroupent en coopérative, tiennent la dragée haute au vilain commercial, du coup améliorent leur revenu. De fait les adhérents à la coopérative augmentent. Celle-ci prend du poids et embauche des salariés. A tel point qu'arrive un moment ou elle a pour objectif de grossir pour continuer à vivre, ceci bien entendu aux dépens des paysans qui l'ont créée, augmentant les prix des fournitures qu'elle leur revend.

C'est l'éternel serpent qui se mord la queue.

Alors New Day Rising, après une journée à affronter la mauvaise foi, les petits intérêts personnels, les postérieurs postiches et j'en passe, c'est parfait dans ma petite voiture coincée dans ces putains d'embouteillage. Nouveau jour, nouvel ordre mondial, je me dis que les êtres humains sont tellement cons que tout ça est peut-être vrai. Comme ces coopératives qui bouffent sur le dos des paysans. Je veux dire, sans même avoir besoin d'un complot, sans même en appeler aux Illuminati, sans même le faire exprès. Et c'est là qu'il n'y a plus guère d'espoir. Comme ces cellules cancéreuses qui prolifèrent comme un vieux réflexe consistant chez les paramécies et les hydres aquatiques à se multiplier par division lorsqu'un danger, un stress les y poussent. Sauf que le crabe nous tue, RIP Mr Grant Hart, comme le nouvel ordre mondial, comme les coopératives, le glyphosate et mes collègues de boulot.

Et contre tout ça, je ne vois guère que Hüsker Dü, très fort dans l'auto.

Et justement, pour en revenir à Zen Arcade, je crois que je le re-écouterai dans les embouteillages demain, New Day Rising n'est pas assez long. A moins de l'enchaîner à Candy Apple Grey ? Et si vous en voulez d'autres, avec plaisir.

Demain, journée de merde.



11 commentaires:

  1. Ah ouais tiens ... tu vois moi je trouve la sortie idiote/inutile sur ''les mélodies sous les décibels'' presque plus adaptée à New Day Rising qu'à Zen Arcade, comme quoi...
    Continuons dans l'idiot/inutile : NDR est un recueil de putains de chansons alors que ZA est un putain de disque !
    Mais je suis d'accord il est trop court.
    Et précisément le morceau-titre est bien trop court, moi qui me prends régulièrement à en hurler les paroles (elles sont faciles à retenir) en l'écoutant hé ben je pourrais faire ça pendant 10-15 mn sans me lasser !
    J'ai lu par ailleurs un commentaire génial, je le pique en douce (et au passage je le traduis, y a des chances que je me fasse pas choper du coup) : ''il y a sûrement plein de meilleurs disques que celui-ci mais durant les 41 minutes que dure son écoute j'ai tendance à oublier lesquels''

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    1. Merci Everett. Ton commentaire repompé est tout à fait vrai, comme d'ailleurs ta prose à toi, sur le recueil de chansons et le grand disque. Pour la mélodie, par contre, ce qui me reste d'oreilles n'entend pas ça de la même manière. Où alors elles sont moins léchées, les mélodies, plus faciles peut-être ? Neeeew Daaaaay Riiiiiisng, oui, bon, mélodique ? jouissif, pour sûr. Mais bon, peut-être faudrait-il poster Everything Falls Apart pour mettre tout le monde d'accord ? Tout est bon chez ces cochons, sauf, à mon avis Warehouse. Dommage d'avoir raté la sortie.

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    2. Je ne les ai justement découverts qu'à la sortie de Warehouse (87, les Replacements, Minneapolis, tout ça) et du coup le meilleur fut à venir quand j'ai remonté la trace ...

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  2. Le problème de Warehouse, c'est qu'il y avait déjà eu Candy Apple Grey avant et qu'on a l'impressin de redite et de délayage. Cela dit, il aurait fait une excellent simple. Sans doute un pêché d'orgueil.
    Pour NDR, je trouve la première face tout particulièrement sublime.

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  3. Je vous jure que c'est pas des conneries : à l'instant même où j'ai téléchargé ce disque, il a commencé à pleuvoir !
    Fucking Rainy Day !

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  4. No future ? Tous ces morveux grimaçants qui avaient oublié d'être cons avaient peut-être raison. On verra, History is what's happening disaient mes hollandais préférés. Mais quand même, un soleil noir, brrr...

    Me souviens pas de NDR. Par contre je regretterais presque de ne pas utiliser ma voiture pour rouler à fond dans les bouchons.

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  5. Eh bien je vois que l'on continue dans l'entreprise de (re) découverte d'Hüsker Dü (pour moi en tout cas...) , tant mieux puisque ça me donne envie les écouter...;)

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    1. on va peut-être pas y passer l'année, mais... va savoir ?

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  6. En ce qui concerne les mélodies, je pense que les gars possédaient toutes les qualités pour en offrir davantage, mais que "la rage" (à défaut d'un mot plus juste) finissait toujours par l'emporter...

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    1. ...et c'est très bien comme ça ! Je ne suis pas fan de ces idées "sous les pavés la plage", "sous les guitares la mélodie"... Personnellement je n'ai pas envie d'entendre les Kinks quand je mets Husker Du...

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  7. 'Black sheets of rain...' du Sieur Bob M. Superbe, émouvant, une grande baffe mais, c'est vrai, beaucoup moins dans l'air du temps

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