J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


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lundi 19 septembre 2011

#25: Carla Bley & Paul Haines "Escalator Over The Hill"


Je me souviens, c'était un article dans Libé, vers 1994-95 qui m'avait intrigué. Ah que qui quoi ? kesako ? J'ai foncé chez mon disquaire, trouvé l'objet, et je me suis cloîtré chez moi à écouter l'objet. En boucle pendant des mois.

OK, je l'ai dit, je ne suis pas une encyclopédie du jazz, j'aime trop le rock pour apprécier les errances jazz-rock d'un Weather Report, et trop la (bonne) chanson pour ne pas pouffer de rire quand nos gaulois tentent la crédibilité rock (Cabrel, au hasard, baah...). Mais là, ce qui m'a sidéré, dans le papier de Libé et sur ma chaîne ensuite, c'est cette sorte d'opéra free jazz, auquel ont participé des gens aussi divers que John Mc Laughlin, Gato Barbieri et Charlie Haden (pour ceux qui aiment le jazz), Jack Bruce (pour ceux qui vénèrent Cream) et Linda Rondstadt (pour ceux qui n'ont peur de rien). Sous la houlette de cette petite gonzesse, débarqué visiblement en Californie avec sa guitare sèche (genre Joni Mitchell), et qui a su, sans passer les étapes académiques, faire admettre ses talents d'arrangeur, de pianiste et de compositeur dans un milieu quand même - enfin j'imagine - fermé.

Avec le poète Paul Haines, les voilà barrés pendant 4 ans à monter ce projet improbable, sorte de Parapluies de Cherbourg sous psylocibine, de Magicien d'Oz sous psychotropes. Et les grands noms cités (et plein d'autres) de suivre. Sans se soucier de continuité conceptuelle dans leur propre carrière. De la musique libre, à l'image du Liberation Orchestra de Charlie Haden...

La musique ? wouh ! comment décrire tout ça ? Passages mantras (la fin du 3ème vynil ne s'arrête jamais, vous savez, le coup du sillon sans fin - ici joyeusement reproduit pendant 17 minutes), errances parfois très très free, mélodies d'une rare beauté (Little Poney Soldier) à d'autres instants, influence Kurt Weill évidente, riffs drôlement bien envoyés à d'autres, psychédélisme à tous les étages... Un disque exigeant, pas facile, foutraque autant que maîtrisé. Un réelle ouverture vers d'autres horizons. Dont on ne peut plus se passer une fois qu'on y a goûté, même si, à l'image des meilleurs alcools, il est parfois difficile (et non conseillé) de vider la bouteille d'un trait. Un disque qui propose des idées pour une décennie entière, voire plus. Que dis-je, un florilège de possibles pour qui est prêt à aller - sinon plus loin - du moins ailleurs.

Moi, ça m'a grossi ma discothèque d'une bonne dizaine d'albums de la Carla (pas la brunie, Bley), ça m'a ouvert à Charlie Haden. Par exemple. Mais je pense que les effets peuvent varier selon les individus. Tom Waits n'a pas dû y être insensible, à mon humble avis. Même si, grand merci à Linda Rondstadt pour son abnégation, on n'ira pas lorgner du côté de la country FM à la suite de cette expérience.

Allez, tentez l'escalator...

(PS : n'importe quel Zappa passera facilement après ça, au passage...)

4 commentaires:

  1. Tout simplement sublime... Et puis il y en a pour tout les niveaux d'écoute (Je conseille au passage sa reprise du thème de 8.5 de Rota, mais ça c'est davantage pour jimmy et ses covers :-) )

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  2. Hello Jeepeedee,
    Alors là, nous n'allons pas du tout être d'accord! Tu annonces un disque "jazzy" et puis tu postes ce Carla Bley! Hérésie! "Jazzy", ça veut dire vaguement jazz ou jazz sans y toucher vraiment! Ici, nous sommes en présence d'une belle jazzwomen et d'un disque indispensable, c'est pas du Michel Jonasz! Et quelle équipe de magiciens!(Dont Charlie Haden, l'homme qui peut tout jouer!)Pour ce qui est de la formation, rappelons que papa était tout de même professeur de piano et maître de chapelle : ça peut aider!
    Bon, mon ami, des disques "jazzy" de ce calibre, tu peux en poster à l'envi! Si tout ceux qui disent ne pas être concernés par le jazz avaient ta petite collection, le monde irait déjà mieux!
    Jimmy

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  3. Un peu de science à étaler.
    Cet Escalator est une émanation des Jazz Composers Orchestra Association (JCOA) qui a sévi de 68 à 72. Ils ont sorti 10 galettes immatriculées JCOA1001 à JCOA1010. On trouve dans ces enregistrements toutes les grosses pointures du Free de l'époque. "Escalator..." représente les disques JCOA1003 à 5.
    Quant aux autres, ile valent aussi leur pesant de cacahuètes.
    Jimmy connait l'adresse d'un serveur où il pourrait les récupérer (en ftp).

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  4. Merci:ca me fera une copie bien plus portative que ma copie vinyle...

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