J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


- - - Disapproved by the Central Scrutinizer - - -

samedi 29 septembre 2012

GCDBMDD # 7 : Anne Dudley & Jaz Coleman "Songs From The Victorious City"

Thème du jour : La Grande Vadrouille
De la Musique Voyageuse

Décidément, je souffre en cette fin de concours. C'est clairement un appel à la World Music, genre s'il en est qui m'est particulièrement désagréable. Mixez une cornemuse avec un djembé, rajoutez une pointe de dobro et un coucher de soleil sur la photo, et vous avez un superbe album de World Music à pas cher au rayon relaxation de chez Super U. A ce petit jeu-là, Michel Sardou c'est de la World Music : Tenez, prenez Les Bals Populaires : accordéon auvergnat, batterie américaine, guitare anglaise et crétin des Alpes. Abattons les frontières, mes amis, mes frères ! Solution pour une petite planète (et une retraite grassement assuré à Peter Gabriel au passage, fin filou de la-dite aventure...) ! Tout ceci va évidemment à l'encontre des opinions du cadre supérieur de gauche bien-pensant qui voit en mes propos des salves identitaires fascistes. Mais si le même bobo levait un peu les yeux de son Nouvel Observateur, il pourrait y voir aussi la négation de cultures minoritaires englouties dans un Village Global dont je me garderai bien de vanter les mérites à une vache espagnole.

Bref, le débat même m'ennuie.

Alors puisqu'il le faut, allons-y, mais retenons, comme le disait Clémenceau, que la World Music est une chose trop sérieuse pour la confier à Peter Gabriel.

Confions donc la chose à un artiste érudit, ayant étudié le violon, la musique arabe au conservatoire du Caire, qui plus est passionné de musique traditionnelle tchèque et maori. Vous avez tous reconnu le discret leader de Killing Joke, Jaz Coleman. Rajoutez à cela la contribution de la compositrice classique Anne Dudley, ayat oeuvré chez les non moins bruitistes Art Of Noise, offrez aux deux tourteraux un aller simple pour l'Egypte, avec une TR 909 comme seul bagage, et laissez reposer le temps que ces deux intellectuels composent la partition du dit disque, Songs From The Victorious City.

Et prenez ensuite une claque monumentale. Le boum boum technoïde de la TR 909 accompagne à merveille le pouls de cette bonne ville du Caire, l'orchestre national d'Egypte n'étant par ailleurs pas manchot, ni Jaz ici présent au violon et à la flûte.

Si l'album sombrera naturellement dans l'oubli, les fans de Killing Joke prêts à lancer une fatwa contre leur brailleur préféré montrant ici une face bien trop délicate pour être honnête, il ouvrira une brèche immense qui profitera, quelques deux-trois années plus tard, aux deux vieilles biques de Led Zeppelin, ne risquant pas grand chose à reprendre leur merveilleux Kashmir avec un orchestre si talentueux. Et l'autre baba cool de Steve Hillage cartonnera bien aussi en produisant Rachid Taha, dans des albums merveilleux tels Medina qu'il faudra que je poste un jour, maintenant que le virus du blogueur m'a repris...

Cet album, je l'aime parce qu'il est beau et impertinent. Punk dans l'esprit et jouissif pour l'âme.

Bien sûr, tout cela a un peu vieilli peut-être. La recette de Grand Mère Dudley et Papy Coleman entendue mille fois depuis. Amis musiciens, voyez toutes les banques de son orientales disponibles sur le marché pour égayer votre electro ou votre drum'n'bass ou que sais-je encore. Ce qui me plaît ici, c'est qu'on revient aux origines de la chose, un peu comme peut l'être un vieux morceau de l'Anthology Of American Folk Music au regard du rock américain. Peut-être nos arrières-petits enfants nous envieront-ils d'avoir vécu l'histoire en direct.

S'ils retrouvent cette chronique d'ici cent cinquante ans, qu'ils m'excusent, je blaguais.

Michel Sardou, c'est de la daube.

A Survivor's Tale ?

9 commentaires:

  1. Ca fait une éternité qu'on me le conseille, celui-là. Bizarrement, je n'ai encore jamais cédé. Rien qu'en concluant sur "Sardou c'est de la daube" tu me convaincrais presque... A voir... A voir... Vais-je embarquer ou non ? ;-)

    RépondreSupprimer
  2. Bien envoyé sur le brouet souvent infâme de la world music !

    RépondreSupprimer
  3. Je connaissais le travail de Coleman sur les Doors, mais pas celui-ci. C'est réalisé avec beaucoup de finesse, la première écoute m'a séduit. Je suis heureux que le virus t'ai repris, même si je sens pas mal de colère dans tes textes... Sinon, pourquoi tant de clémence avec Kiss et si peu pour Michel Sardou?!!!!!!!!
    Jimmy
    P.S. : merci d'être parvenu à boucler la quinzaine.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Parce qu'on n'a pas eu, toute notre jeunesse, à se fader Kiss à la télé ! ;-)
      Et puis que, même en version gogogadjetoplatformboots, le rock'n'roll c'est quand même mieux que la variet' beauf. Non ? J'ai faux ? ^^

      Supprimer
  4. Euh non Mr Moods je crois que tu as juste.

    Jaz Coleman, un de mes vieux héros. Électrisé quand j'ai vu le Joke au Palais d'Hiver de Lyon, début des 80's. Avec un Der Kowalski spectaculaire en guest. Après quelques albums que j'écoute toujours avec plaisir j'avais lâché l'affaire, le groupe prenant un virage trop new-wavisé pour moi.

    Je suis toujours étonné - rétrospectivement - que Jaz avec sa culture et son talent se soit adonné à un post-punk nihiliste et quasi-apocalyptique. Etonné mais ravi parce que qu'est-ce que c'était bon.

    Je ne connais ni ce disque ni Anne Dudley donc je saute dessus (le disque, pas Anne Dudley of course). Moi la fatwa je ne pratique pas, sauf peut-être pour Michel Sardou. A ce sujet, si je peux me permettre : la daube bien cuisiné c'est très bon alors que Sardou, à toutes les sauces, c'est mauvais.

    RépondreSupprimer
  5. Hello.
    Si j'aimais la WorldMusic je serais moi aussi en colère contre l'emploi de ce terme.
    J'ai la même haine pour le terme Americana, par exemple, mais tout le monde s'en fout et a bien raison de s'en foutre..
    (Killing Joke m'a pas fait rire souvent non plus...)
    A +
    EWG

    RépondreSupprimer
  6. Encore de l'inconnu pour moi et toujours un super texte de présentation, tu pourrais même me faire écouter, ah non pas du Kiss quand même.

    RépondreSupprimer
  7. ... World Music, ça a ce côté nombriliste qui me fait marrer: Le rock, la pop, le Neo bulbo glamouri trash pouet etc... d'un côté et de l'autre ... LA WORLD, le reste quoi ha ha ha...

    Et Jeepeedee ça me fait bien plaisir de te lire. Comme un rendez vous, tu as du style, tu as un style alors reviens nous de temps en temps.

    (Maman aime Sardou, J'aime Maman, donc Sardou m'aime??)

    RépondreSupprimer
  8. Ça pour du style, y'en a...
    Rien que te lire et de charger toutes ces vérités ça m'éclate...
    Je connais pas, donc je vais me rencarder pour l'avoir...
    Le terme world music m'es toujours apparu comme suspect... parfois, dans cette appellation émerge un truc intéressant, astucieux, créatif (eno/byrne, hassell/eno, shankar avec ou sans shakti)...
    Bon, c'est pas nouveau que ces mélanges, même Lully l'a fait lorsque les turcs sont venus rendre visite à louis XIV, je suis sur que ça a fait un carton, d'ailleurs ça a été rejoué un max de fois...
    Ah ! cette satanée vision à l'occidentale des "autres" musiques... Un débat, en soi.
    Sardou, c'en est un autre...
    Rien qu'à entendre son nom, je fuis, je m'éloigne, de peur d'exprimer tout ce que m'évoque ce personnage représentatif de la pire beauferie franchouillarde (j'ai dit la pire, car il en fait un "culte")...
    La dernière fois que je l'ai subi c'était pendant l'été, à mes dépends musicaux...
    Pour m'en consoler et me punir de m'être laissé embarqué dans cette automutilation j'ai bu tellement de rosé que j'ai dû me plonger dans la mer d'été à 03 heures du matin (à mon âge avancé c'est vraiment pas recommandé), dormir sur place et avaler une boite de doliprane le lendemain... Bad trip. Bad Sardou, mais bon rosé, par contre...

    Voilà, c'était pas la fête, mais la fête par contre a été de te lire (et relire) à chaque thème.
    merci pour ces mots "juste", ou du moins engagés et chargés de cette qualité rare... l'humour.

    RépondreSupprimer