J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


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vendredi 20 janvier 2012

FEAR !!!

Ce post constitue un hommage, un remerciement à Jimmy, niqué jusqu'à la moëlle par... ? Qui ? Megatruc ? Le monsieur multi-millionnaire ayant bâti sa fortune sur notre envie de partager la musique ? Le FBI ? Au choix.

Vous trouverez donc ci-dessous le dernier post que j'ai téléchargé chez lui, le bien nommé Fear de John Cale.

C'est ici

Ce soir, quelque chose me dit qu'on a dû faire péter le champagne chez Deezer, Spotify et autres sites bien pensants de streaming. Criant sur tous les toits offrir de la musique en se rémunérant sur les pubs et en payant la SACEM. Vous avez raison les gars, vous êtes en passe de gagner. Ca martèle dans tous les sens dans ma tête. J'ai viré tous mes liens il y a quelques jours suite à une petite plainte, prêt à lâcher le morceau, et là, visiblement la guerre est déclarée. Economiquement, c'était le bon moment.

Revenons en 2000. Je m'interrogeais quant à un abonnement ADSL chez Wanadoo - et je vous jure que c'est vrai - la petite commerciale du centre commercial où le fournisseur d'accès avait sa petite boutique m'a vendu le truc en montrant à mes yeux ébahis à quelle vitesse elle téléchargeait Heroes de David Bowie sur Napster.

Il fallait que tout le monde ait internet. Il fallait tolérer cela un moment. Les graveurs de CD se vendaient à 150 euros, les disques durs pesaient quelques petites dizaines de Go, tout allait bien. Cela laissait le temps aux ténors - et pas seulement de la musique - d'installer leurs plateformes de vente sur le net, tout en négociant le prix du hardware grâce au prix démesuré qu'on payait pour s'équiper - le moindre péquenaud investissant des milliers de francs dans un ordinateur, pensant récupérer ses billes sans plus passer chez le disquaire, et même en résiliant son abonnement au vidéo-club du coin.

On a fait croire à Pinpin et Tonton qu'avec Photoshop ou Cubase, on devenait artiste d'un clic de souris. Adobe a longtemps laissé tranquille les vilains pirates de son programme phare : formez-vous, puis, devenus graphistes, exigez Photoshop dans votre entreprise. Bingo. Microsoft propose, encore aujourd'hui, sa suite Office Pro à 6 ou 7 euros pour tous les enseignants. Evidemment persuadés qu'ils seront assez débiles pour la conseiller à leurs petites têtes blondes, et que papa l'achètera. Vive Open Office ? Tu parles ! Des centaines de crétins de geeks se sont ruinés les yeux et la cervelle pour produire une alternative gratuite au grand vilain Krosoft. Et Sun Microsystems, détenteur d'un paquet de brevets dans l'histoire (le soft est basé sur Star Office, produit de la boîte, et intègre la technologie Java, produit de la maison), de rigoler. Ces couillons chevelus ont bossé gratos pour plomber Microsoft sur son terrain de prédilection. Vive le logiciel libre, Microsoft, au moins, paye ses développeurs.

Adobe a ruiné Quark, racheté Macromedia, tout cela grâce à une "certaine tolérance", un moment donné, au "piratage". On ne trouve plus un seul bouquin du type "Photoshop pour les Nuls" au Super U. Plus la peine. Monopole. Agression. Flicage, police, matraquage. Raque !

Alors l'affaire Megaupload, elle arrive au bon moment. Va faire flipper tout le monde. Je vous laisse un instant, je bois une coupe de champ' avec mes potes de chez Deezer.

Car, savez-vous, je suis rémunéré par Deezer. Ayant cramé 40 euros pour mettre mon disque des Cowboys Etanches en vente sur iTunes, Amazon et les autres, non pas pour devenir célèbre mais par pur désir de réaliser un rêve de gosse, sortir un disque, Deezer me rémunère. 0,05 centimes d'euros par clic, et 0,5 centimes d'euros si c'est un abonné Deezer Premium qui clique.

Expliquez moi l'équité du droit d'auteur dans tout ça : mon pote écoute par curiosité, ça me rapporte dix fois moins que si c'est un crétin qui a banqué son abonnement. C'est ça, l'avenir de la musique ? Le respect du droit d'auteur ? N'y a-t-il pas, là aussi, deux poids deux mesures ? Bien sûr, ma modeste maquette n'incitera jamais personne à s'abonner chez eux pour éviter la pub tous les quatre morceaux. Mais quand même. Je contribue à la hype. X millions de titres disponibles. Dont douze à moi.

Voilà pour l'épisode streaming, qui n'intéresse que les sourds, passons.

Toute ces affaires me poussent franchement à résilier mon abonnement internet. Amitiés futiles sur Facebook, culpabilisation sur Megatruc, marketing viral sur ma boîte mail, et en plus je paie pour tout ça.

Vous savez quoi ? Tout ceci me donne envie de couper la connexion, prendre une guitare, un accordéon,  jouer au troquet du coin, qui m'offrira une bière (2 euros 50, pour une demi-heure de bonheur, ça se réfléchit). Laisser crever les maisons de disques, les prétendus artistes (on ne les réédite qu'une fois morts, et encore on vient vous emmerder avec ça), vivre dans mon petit monde et manger des carottes bio (même si je déteste les carottes). Même si pour moi, acheter un disque est aussi merveilleux que la coke pour Keith Richards. Il semblerait qu'il ait arrêté. Je le peux peut-être aussi ? Mais pas pour me contenter de la méthadone mp3...

Je n'ai pas envie de continuer la lutte, il faut trouver autre chose. Tant qu'on emploiera les moyens de l'ennemi (internet, aujourd'hui), que tacitement on acceptera sa suprématie, on n'en sortira jamais. Mais comment ?

Et puis, ce côté écoeurant... par injonction du FBI, donc une affaire de justice Américaine, c'est la planète toute entière qui subit... Ras-le-bol du Village Global.

Combien étions-nous, depuis tant de temps, à proposer du contenu, de la prose, de la réflexion, de l'information, sur internet ? Quel beau rêve ! Laissons donc un instant les libre-penseurs alimenter la machine à fric, et récupérons/censurons le tout une fois l'affaire devenue rentable. Notre seule contribution tolérée consiste à dire "j'ai passé une super journée" sur Twitter. Dire que le dernier album de Céline Dion n'est pas terrible est déjà à la limite de l'illégalité. Du blasphème. Susceptible de réclamer réparations pour préjudices moraux. Ras-le-bol du Village Global, encore.

C'est juste un billet d'humeur. Pour le John Cale, Jimmy l'a très bien décrit, je n'ai rien à rajouter. Si tu es prêt à continuer, Jimmy, pique mon lien. Moi je fatigue. Je fatigue, mais je ne baisse pas les bras, enfin, pas sûr.

8 commentaires:

  1. Et les mecs qui avait des contenus légaux sur MU, ils font comment? Ce petit de "Captain America" commence à bien nous les briser...

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  2. Youhou Jeepeedee :)

    Même pas peur!

    La fermeture de MU (progéniture monstrueuse née de l'écrasement du P2P (le seul véritable système qui permettait l'échange et le partage de manière décentralisée et équitable) par les voyous de l'industrie musicale et leurs relais politiques (hmm, il va bien falloir que Carlita touche les royalties de ses albums lorsque Chouchou sera à la rue au mois de mai, menfin!) était inéluctable. Le bon peuple ayant perdu sa mule hadopisée se tourna vers Rapidshare et MegaUpload, trop contents de profiter de l'aubaine. Rapidshare, trop gourmand fut vite fait ramené à la raison et se discrédita en balançant aux flics les noms de certains de ses clients. MegaUpload, avait le champ libre pour dominer le marché du "direct download" et du "streaming" grâce aux développement des offres à haut débit des FAI.
    Dans le même temps, flairant le bon coup, se développèrent également les "offres légales" d'écoute en streaming type Deezer ou Spotify.
    Obligé d'attaquer sur deux fronts à la fois, c'est MegaUpload qui a morflé en premier, au moins le streaming légal permet aux ayants droits de récupérer l'obole de "0,05 centimes par clic", tout en ne balançant que des fichiers de mauvaise qualité (128, 160, seul Spotify propose du 320) et le bon peuple écoute de la mauvaise musique sur son portable et finira bien par prendre un abonnement comme il avait son forfait MégaUpload pour assouvir sa soif de séries TV US ou l'intégrale de Céline Fion.
    Ces sites de streaming sont eux aussi dans le collimateur de l'industrie du divertissement, d'autant qu'il va y avoir une place à prendre, avec l'effet de peur provoquée par la brutalité des moyens utilisés contre MU. Je suis prêt à parier que Spotify va proposer l'écoute en qualité flac bientôt afin de récupérer le moutons égarés et apeurés.
    Ce qui en soi n'est pas plus mal puisqu'il existe des logiciels performants qui permettent de ripper la musique comme la video en streaming.
    Le seul inconvénient c'est que chacun va pouvoir faire ses rips dans son coin, mais pour les échanger, ça risque d'être plus difficile à moins d'en revenir à des réseaux P2P cryptés...

    Note 1: Un Uploader récupère en moyenne 0,01$ / téléchargement d'un client non premium, mais rien d'un client premium. J'en déduis qu'un auteur compositeur est 5 fois plus rémunéré qu'un partageur de musique. Ces maigres revenus me permettent toutefois d'avoir l'abonnement Premium gratuitement.

    Note 2: Office de Microsoft est gratuit pour les profs et payé par les Rectorats ou les régions, étant concerné, j'ai décliné l'offre.

    Note 3: Les softs d'Adobe sont toujours aussi facilement piratables mais n'intéressent plus grand monde car ils sont d'une ergonomie très discutable. C'est sans dout ce qui explique qu'il ne soit plus rentable d'éditer des bouquins "Adobe pour les nuls". Mouarf!

    bonne fin de soirée :)
    Lyc

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  3. Merci pour John Cale. Pour moi, le mieux est de retourner à la musique (je regrette de ne plus lire tes chroniques passionnées), c'est ce que j'ai fait en proposant le nouveau "Macca" après une demie-journée de blues. (Je pense qu'il arrivera à survivre malgré cette piraterie !)

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  4. J'apprécie l'analyse que tu fais de ce dernier évènement qui, quelle que soit sa présentation est une atteinte à la culture libre et gratuite à laquelle j'adhère à 100%.
    Pourquoi a-t-on institué l'enseignement obligatoire et gratuit? Pourquoi a-t-on créé des bibliothèques municipales? La rétribution des acteurs de cette culture est-elle juste, justifiée? Doit-on attendre la "tombée" dans le domaine public pour considérer que son statut a changé et que d'élitiste elle devient populaire?
    Internet sous-tend un vent de liberté dont ont profité des marchands du temple qui se sont installés, ce sont eux qu'il faut éradiquer. Les problèmes d'équité sont essentiellement des problèmes politiques (structure de la société) qui doivent être étudiés et résolus sereinement hors des pressions du Dieu "Flouze". L'air que je respire (ou qu'on me fait respirer!) est encore gratuit, ce pourquoi vous œuvrez tous, autant que vous êtes, m'est aussi nécessaire, suis-je un criminel pour autant?.

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  5. @Lyc :j'en déduis quand même que je ferais mieux d'arrêter d'uploader chez Rapidshare... je ne connaissais pas cette anecdote putride...

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    1. Hi Jeepeedee :)

      Ben, ce sont tous des enfwarés, de toutes manières, zont le virus "capitalisticus profitus accumulatumplusplus" dans leurs gènes.
      Rapidshare essaye de se refaire une "virginité" auprès de ses utilisateurs en offrant des vitesses de DL rapides, sans code captcha, sans beaucoup d'attente entre 2 DL. Donc, pour tes lecteurs, c'est plutôt pas mal, en ces temps de disette MegaUploadienne, mouarf ;)

      Lyc

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  6. Peut être la solution...

    http://datenform.de/blog/dead-drops-preview/
    http://deaddrops.com/dead-drops/db-map/

    A+

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  7. Si tu veux être sur http://blogsetcie.blogspot.com/
    tu me le diras
    A+
    Kidloco

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